I need some sleep.

Publié le 15 mars 2010 par M.
Il a dit, finalement les vrais randonneurs, ce sont les gens fiers et moi qui attendait depuis vingt minutes les joues rougies par le vent sur la crête, j'ai récupéré ce très vieux sourire dont j'avais oublié l'existence. Je crois que j'aurais voulu m'endormir sur ce tas de cailloux, au sommet, ne plus jamais redescendre, je crois que j'aurais voulu poser mon front contre une pierre et pleurer un coup, c'est un peu ridicule je crois cet attachement au paysage, d'ailleurs j'avais oublié tu vois, depuis mon enracinement dans le béton je n'ai plus pensé qu'à ce que j'ai fui, jamais à ce que j'ai laissé. Je ne voulais pas rester là bas mais j'étais pas sûre de vouloir rentrer, traîner ma jambe de bois sur le bitume, mon pied enflé dans un chausson, croiser la terre entière qui n'en a rien à foutre. Je veux dire, quatre jour c'est rien, mais ça m'angoisse ce froid soudain après les coups de soleil, j'aimerais que tu dises que t'as envie de me voir. J'aimerais me dire, ça fait plaisir à quelqu'un que je sois rentrée, mais ça se fond seulement dans le quotidien, où se sont encore fichés les éclats, je ne sais pas. J'ai les dents qui s'entrechoquent et de l'aspirine fondue plein les veines, non tu vois je voulais pas dormir toute seule mais l'envie se démocratise à mort ces derniers temps alors j'apprends la patience. En arrivant gare de Lyon j'ai pensé comme ça que j'aurais bien aimé te trouver sur le palier mais ça ne doit pas être marrant, quelqu'un qui ne fait que vous dormir sur l'épaule. Trop fatiguée pour tricher avec moi même, dans la pièce il n'y a que l'électricité des absences, et puis une rose fanée sur l'étagère. Je ne sais pas vraiment quoi penser de ce voyage, je voulais du calme et de la sérénité et je reviens le sac plein de doutes et d'angoisses survoltées, tu sais cette impression d'être juste en surface et d'avoir perdu le contrôle, cette sensation étouffante d'effleurer au lieu de saisir, comme le matin quand mes doigts sont trop engourdis pour avoir de la force, l'impression de ne rien retenir. Le temps glisse sur ma peau comme un drap sale, j'ai envie d'être un feu d'artifice et ce soir je suis une épave, les joues en feu, des écorchures et des échardes plein les bras, les courts-circuits, c'est pas ce que j'ai envie de te donner. Quelque part quelqu'un a tenté de souffler sur mon château de cartes mais c'est raté, c'est rien qu'une brûlure à l'espoir, et mon image sans artifices, c'est ma jambe en carton qui fait chialer comme si j'avais trois ans et c'est comme si j'avais pas le droit, rude boy inside, rigoler, personne n'a rien remarqué. Demain serrer les dents ou bien avouer qu'on est bien faible dans un corps, j'ai envie de courir mais je me traîne à peine, déconné, quoi, j'aimerais bien que tu me donnes la main. J'ai plus faim. J'aurais du arrêter de sauter mais ça puait tellement la liberté dépoussiérée, j'ai pas pu la jouer raisonnable. C'était comme inévitable. Maintenant à force de gamelles dans les rochers je suis un peu compote sentimentale, tu crois que c'est la honte ?