S'accrocher aux détails matériels, c'est pour cacher la peur du vide, la peur qu'après, ce soit moins bien, ce sont mes doigts qui s'accrochent encore à l'époque, mais ça va pas durer. Je me rappelle quand tu disais, je te suivrai n'importe où n'importe quand, mais dis moi s'il te plaît qu'on a peur de partir, je ne sais pas qui de nous deux avait raison, je voulais rien qu'être le fou et te dire viens, on met les voiles, il faut bien que je me rende à l'évidence, j'ai pas envie de rester là si c'est pas ta chambre à côté. Retourner dans l'appartement de Boulogne, là où j'ai heurté mes élans sur ton regard sévère et tes bras repliés, j'ai mis le bordel dans la logique pour ne pas te voir disparaître. Un frigo vide et quelque bières plus tard, et en vérité, je ne t'ai toujours pas perdu, mais t'as raison c'est l'heure. Refermer proprement les écarts, scotcher ; avant qu'on se saute à la gorge, on s'marre mieux quand on est amis, pas vrai. Au fond, laisser mon lit sur le trottoir ça ne me pose pas vraiment de problème, je garde les oreillers - les jolies choses tout le monde le sait ça n'a pas réellement besoin d'adresse. La pluie le printemps c'est sur toute la ville, le reste c'est jamais qu'une question de confort mais au final je me dis moi, tant que j'ai un radiateur, même le plancher ça peut me convenir, et je ne veux pas m'enliser dans celui là en faisant semblant de croire que ça change rien. Tu sais c'pas grave, c'est jamais grave, tout le monde le dit. Après tout, y'a pas de raison que demain soit pas encore mieux. Je lève mon verre à celui qui m'a gueulé dans les tympans, tout commence toujours aujourd'hui. Même si j'oublie de temps en temps. Les peaux usées aux différents, il ne reste plus qu'à muer, une nouvelle fois. C'est dit, alors. On part. Chacun sur son trottoir, mais je sais bien qu'on se reverra, et tu vois finalement le moins peureux des deux c'est probablement toi. Comme quoi. Mais c'est pas pour autant que j'vais pas m'en tirer, tu l'sais déjà.