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L'ambivalence, encore.

Publié le 02 avril 2010 par M.
Les voix cassées, les cernes rouges, force est de constater que je suis meilleure avec les autres qu’avec moi-même, ma peau est tour à tour poreuse ou plastique, je préfère serrer quelqu’un dans mes bras que me supporter moi-même. J’ai plus envie de m’écouter penser, ça va me filer des ulcères, j’ai déjà les nerfs purulents. Je recommence encore, les cauchemars, les dessins balle dans le crâne, j’ai la vie heureuse mais putain matériellement je suis terrifiée, je voudrais gueuler stop mais ça ne marche pas comme ça, personne n’arrête le temps, personne pour le faire dérailler, je me fais peur on est déjà en avril et c’est ma voix qui casse, le monde lui continue de courir, je manque d’offensive. Genre, je veux bien être mon propre héros mais si vous pouviez me donner le mode d’emploi… Un miracle, je veux mon miracle, ok ? Pas grand-chose juste un petit coup de pouce, une carte inattendue, un revirement inespéré, je veux voir autre chose depuis ma fenêtre et je veux avoir le vertige, tant pis pour les escaliers. Mais jésus ne me guérira pas de mes affreuses angoisses, je sais. Toujours la même impression de comprendre à l’envers, expliquez moi, expliquez moi le monde quand je l’écris moi ça ne colle pas, je mets des angles pour les courbes et des virages dans les lignes droites, c’est quoi en face, une clôture ? J’avais cru voir une porte. Mes oreilles traînent partout c’est devenu réflexe, j’en connais des tonnes et j’ai bonne mémoire mais quand ça doit venir de moi on dirait des notes falsifiées, malade malade le cerveau c’est qui le connard qui l’a fait désorganisé, rien ne s’imbrique. Je me replie sur le banc d’une église, cette façon de me calmer dans le taudis de dieu c’est quoi, un mauvais reflux de l’enfance, une fuite inconsciente un reposoir mensonger, ou alors c’est juste parce que l’isolation est bonne ? Des jours je me dit, ça doit être génial d’avoir la foi c’est jamais ta faute, jamais toi qui contrôle, mais rien à faire ça n’est pas quelque chose qu’on enfile comme un pull, ça ne s’accrochera jamais à moi. J’ai envie de croire en quelque chose de plus grand, de plus fort, mais inlassablement je reste ma propre puissance décisionnelle et personne pour me dire si je les fais les bons ou les mauvais choix, ça me rend tremblante, j’ai été la mère j’ai été celle qui a foutu le camp, j’ai pas le courage pour souffler maintenant, dites moi quoi faire exactement, puis je connais déjà les réponses. Et maintenant quoi. Maintenant chaque fois qu’on me prête un euro l’enragé monte d’un cran, tu saisis l'image ? Il déploie ses filets, tisse la toile aux entrailles. Il ne gagne pas, je suis trop bien entourée pour ça, mais ça tiraille dans les silences je n’aime pas devenir comme ça, boule de tics, marée de sursauts, ça s’étend regarde je sors avec ma capuche et je me tords les doigts, je m’arrache les sourcils ; et ça fait le mort chaque fois que t’es là. Ça ne s’agite que dans les solitudes. C’est pareil pour tout le monde. Je sais à quoi m’en tenir et je sais que tout ça, c’est juste moi, j’essaie de ne reposer que sur mes propres épaules parce que c’est ce que je veux être, quelqu’un qui n’a pas besoin des autres, juste envie. Mais putain j’ai tellement peur de me tromper que ça devient grotesque, pourtant j’ai pas peur de m’écorcher les genoux mais parfois je me sens comme une immense blague pas vraiment drôle, et heureusement un rayon de soleil vient de me fracasser la rétine, ça adoucit les choses. C’est simple au fond, j’ai du mal à envisager l’avenir, un mal fou, un mal innommable, mais quels que soient les accrocs et les coutures, j’aime mon présent t’as pas idée. Le problème, tu vois, c’est que je ne suis pas née dans une société qui vit au jour le jour, le problème, c’est que je me suis trompé dans mes valeurs et que je persiste, je trouve ça tellement plus joli d’être aujourd’hui et pas demain. L’ennui c’est que ça n’est pas viable, mais j’ai beau calculer toujours les marges d’erreurs et les résultats, je ne sais pas me projeter plus loin que l’atterrissage immédiat, je suis une instance de dernière minute, un garde fou pas toujours bien vissé, j’ai des boulons qui se perdent parfois et d’autre que je retrouve, d’ailleurs tu sais quoi, le futur depuis toujours c’est le seul temps où je fais des fautes d’orthographe. Tu sais un truc étrange, je pense à ça par hasard, quand on me dit merci, moi j’ai envie de faire mieux, d’être plus forte et de devenir meilleure. Ça m’aurait vachement plu d’être un héros, pas pour la gloire mais juste pour voir les yeux briller, c’est un peu ça ma couleur préférée. C’est con quand même, non ? Si j’étais un héros, je me sauverai en même temps que le reste du monde, et je ne le suis pas mais je continue d'avancer en essayant au moins de ne pas laisser couler ma propre peau. Je m’arrêterai le jour où je serai flinguée, même si je ne sais pas ce que ça vaut, objectivement, marcher sans y voir clair. Mais hé, j’emmerde les étriqués, qu’ils me laissent apprécier ma vie côté lumineux. Puisque c’est la mienne, et qu’elle n’est ni vendue, ni à vendre. Ou alors, qu'ils me descendent, mais bon... J'ai l'épiderme en béton.

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