Strange kids are secrets warriors.

Publié le 05 avril 2010 par M.
Si je ne dors pas c'est que j'attends encore qu'il arrive quelque chose, une illumination bandante, un éclair éclatant les tuiles, dégringolant pile dans mes bras, un mec qui soudainement sauterait du toit. La gerbe à l'âme. C'est l'ère du cri les gars. Instant fragile, un accroc dans la porcelaine ; poussière. Écoute, c'est le son de la saturation vocale, rauque, à force de fins de souffles, et qui s'accroche à ma cuisse en enfonçant les griffes, ce que je ne comprends pas, c'est la reproduction des schémas. C'est la parade chaotique des non-dits qui s'éveillent en morts-vivants et pataugent laborieusement dans un verre de vodka. Deux poings dans la bouche. Voici l'enfant roi spectateur, j'ai le dédain au bout des doigts, la rognure sur le cœur. C'est la bataille dont le royaume n'est rien qu'une livre de peau humaine, hé putain mate, on dirait presque ma silhouette dans ce tord-boyaux qui se répand comme la peste. Si c'est assez de tranches découpées dans l'emballage plastifié, faut le dire au garçon boucher tu vois. Si l'embrasement délibéré est en train de contaminer la ville et toutes les rues crament, les briques au noir, si les cadavres s'accumulent panse crevée dans le caniveau asséché, il serait temps de se mettre à parler ouais. Et de noyer profond la boîte d'allumettes. Un gamin de paille épouvanté me fixe de ses yeux de poiscaille, tous ronds ; je ne bouge pas d'un pouce, je ne crée par l'évènement, ça n'est pas mon histoire. Mon frère d'arme, mon anonyme ennemi aimé, je ne commettrai pas l'affront du seau de pop-corn ; je suis encore de tous les côtés, dans toutes les tranchées, mon rouleau de scotch vinyl noir au poignet. Une pleine bolée de clou dans les chaussettes, je vais tout te faire rentrer proprement dans le crâne si tu persistes à ne pas piger. Je surplombe la scène avec mon torse de velours et mon étreinte ouateuse, boiteuse, je vais clopin-clopant jusqu'au prochain ponton. J'ai tendu des filets entre les immeubles et je suis occupée maintenant à détourner le courant des rivières rouges à la gueule ouverte et baveuse. Dors dans ma poche, la gosse de pierre, le soldat de fer-blanc éraflé, un coup de casserole sur le crâne et c'est à moi de jouer. Cherchez pas, je divague gentiment...  En vérité si je ne dors pas, c'est que je savoure ce moment où ma vie continue d'être grave et jolie.