Magazine

L'infini des possibles.

Publié le 16 mai 2010 par M.
Je me pose des questions tu sais, de ces questions stupides dont la réponse n'est jamais évidente et encore moins utile mais des questions qui trompent le temps parce que je flippe à l'idée de l'employer correctement. Ce serait tout inscrire dans réalité, ce serait rendre tangible cette pression qui existe en dedans comme si c'était moi le bouchon du mousseux dont on secoue la bouteille, je ne veux pas éclater trop tôt. Je me pose des questions du genre, est ce qu'on a plus de chances lorsque quelqu'un croit en nous que quand on veut seulement prouver qu'on peut traverser un mur alors que tout le monde crache qu'on va juste se briser les os, c'est un peu con, mais remâchable à volonté avec un brin de mauvaise foi. Au fond tu vois c'est jamais que de la diversion intellectuelle chiche, pour ne pas chialer sa mère que je suis déjà terrifiée. Pour pas grand chose. C'est mon côté morveux trouillard. Est ce que je t'ai déjà raconté ce paradoxe, oh oui des dizaines de fois je pense, celui qui veut que je ne m'estime pas mais que je me pense digne de sauter d'aussi haut que le reste du monde, ce théorème marrant qui ne supporte pas l'échec, j'ai toujours pensé moi, j'y arrive mais j'ai jamais essayé de peur que ce soit faux, j'me suis laissé aucune chance. Je suis restée plantée longtemps comme les clous dans les poutres de mon ancienne chambre, qui sont si vieux qu'ils ont rouillé mais ne bougent toujours pas. Aujourd'hui tout ça est mort, hein, exécution publique ordinaire coulée dans les pavés de la rue sedaine, cadavres balayés au petit matin. Il est trop tard pour faire marche arrière alors t'en fais pas, pour cette fois juste celle là je vais compter sur moi, aux chiottes la peau traître et lâche et oubliés les ratés, les escarres gangrénées dans mon histoire, on va faire comme si rien n'avait jamais été cassé, prendre le moi qui tient droit, qui ne parle pas en traumatismes et tremblements, celui qui ne se défile pas. Pour cette fois mais juste cette fois je promets de ne pas tricher pour perdre, et ne pas garder les dents serrées quand je connais les mots juste parce que le son de ma voix me paraît vraiment, vraiment trop faiblard. Je dis aux gens, défie moi d'y arriver s'il te plaît, j'ai besoin de challenge, j'ai besoin de prouver, j'ai besoin de n'être pas la seule à parier parce que seulement moi, l'entrelacs des complots internes et les fiertés rebelles, j'ai de temps en temps peur que ce ne soit pas assez. Je me recroqueville pour mieux me déployer, un truc du genre. Tu vois quand je dois me concentrer, je me force à voir en projection dans le creux renfoncé des orbites un écran bleu et parfois il parasite avec moi, en rythme. De la neige froide dans les idées. C'est mon côté machine. C'est la feinte à deux balles qui fonctionne quand j'en ai marre de penser, c'est risible un peu, beaucoup, mais l'animalerie paillarde dans mon crâne est comme un de ces gosses de la nouvelle génération, intenable, junkie de l'écran, tu la poses en face d'un vieux moniteur à tube cathodique et c'est seulement et rien que ça qu'il faut faire pour avoir la paix, et je ne sais pas pourquoi j'en parle, peut être parce que ça fait un moment maintenant que je joue à la télé cassée, tout ça pour que mes yeux ne rechignent pas en fin de ligne et se décalent sur la suivante sans aller suivre celles du plancher, bonjour, je suis un comique absurde malgré moi. Allez, va. Il n'y a pas de guerre, je pinaille. Demain j'aurais mon premier livre entre les doigts, enfin non ça n'est pas un livre, un recueil le mec il l'appelle comme ça, ton recueil, exemplaire unique et peut être éventuellement un embryon de fierté dans le fond du ventre, je ne sais pas encore, on verra ça bientôt, et dans 10 jours pile tout ça sera bouclé. J'aimerais tout savoir déjà. C'est tellement moi la précipitation des derniers jours et les passe ou trépasse fébriles, les nerfs en nœuds serrés et les sourires hauts perchés sur les fils électriques, mais puisque ici c'est encore moi qui décide, disons que j'ai gagné. Disons que j'ai gagné. Disons que j'ai gagné. En boucle et avec conviction, comme les mains repliées sur les chapelets de prières, mais en vraiment plus heureux.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


M. 6 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog