«L'Association des régions de France et celle des départements de France
(ARF et ADF) ont décidé de boycotter la deuxième conférence sur les déficits
qui se tiendra demain à l'Elysée, ont-elles annoncé aujourd'hui.
Les deux associations avaient déjà boycotté la première conférence
organisée le 28 janvier afin de définir une méthode pour réduire les déficits
de l'Etat, des collectivités territoriales et des organismes sociaux. L'ARF et
l'ADF considèrent que les déficits publics sont du seul fait de l'Etat et
absolument pas des collectivités locales. » (AFP le 19/05/2010)
Ces gens considèrent que les déficits publics sont du seul fait de l'Etat et
absolument pas des collectivités locales….stupéfiant !!!!
Comment les collectivités locales peuvent-elles ne pas se sentir concernées
par une réflexion sur les déficits et plus généralement sur les dépenses
publiques ?
Cette attitude démontre soit que leurs représentants sont dans le déni de
réalité le plus total soit qu’ils font passer des petites considérations
politiques avant l’intérêt de la France !
A dire vrai, je ne sais pas ce qui est préférable !
Sur ce sujet, je me contenterai de rappeler quelques éléments de l’excellent
rapport
de la Cour des Comptes à propos de l’évolution des effectifs de l’Etat
entre 1980 et 2008 (déjà évoqué dans un précédent
billet).
Même si on se contente de raisonner en termes d’effectifs, sachant que les
frais de personnel ne constituent évidemment pas l’intégralité des dépenses des
uns et des autres, que constate la Cour des Comptes :
Qu’au cours des vingt-cinq dernières années, les effectifs publics ont
continué de croître sans discontinuer, tirés en particulier par la croissance
de la fonction publique territoriale, à un rythme très supérieur à
l’augmentation de la population et de la population active ;
Que les effectifs de la fonction publique territoriale qui représentaient en
1980 un peu plus du quart du total de l’emploi public, en occupent désormais le
tiers; ceux de l’Etat n’en représentent plus que la moitié (la part de la
fonction publique hospitalière étant à peu près stable).
Pour une croissance totale des effectifs de la fonction publique de 71,2 %, la
Cour constate une hausse de 49,9 % dans les communes, de 154,1 % dans les
structures intercommunales, de 47,9 % dans des départements et de plus de 1.964
% dans les régions !
Si la multiplication par quasi 10 des effectifs dans les régions peut
s’expliquer, pour partie, par les mesures de décentralisation, elle semble
néanmoins anormalement conséquente.
De même, il est difficile de justifier la hausse conséquente des effectifs
dans les communes et dans les structures intercommunales qui ne sont guère
concernées par des transferts significatifs de compétences !
En résumé, ce que nous rappelle notamment ce rapport, c’est que les déficits
publics ne peuvent-être considérés que globalement et même s’il n’est pas
question de dédouaner l’Etat de sa responsabilité en la matière, chacun se doit
de nettoyer devant sa porte !
Compte tenu de l’importance prise par les collectivités locales dans les
dépenses publiques, et compte tenu des nombreuses interactions voire des
chevauchements entre les actions des uns et des autres, quel sens cela a-t-il
de ne travailler que sur un étage du millefeuille administratif de la France
!
Alors qu’au niveau de l’Etat on semble vouloir prendre ses responsabilités
(à confirmer bien évidemment), ce n’est pas manifestement pas encore le cas aux
échelons inférieurs.
A moins que, compte tenu de la couleur politique qui prévaut aux différents
niveaux, cette attitude révèle sinon l’irresponsabilité du moins la grande
confusion dans laquelle se trouvent les Socialistes face à la question des
déficits !
Cela dit, soyons un peu indulgent, il doit-être particulièrement difficile à un
parti qui fait le père Noel en toutes saisons, d’imaginer que ses promesses de
distributions à tout va sont faites à crédit, en clair qu'elles ne seraient que
du vent …d’où la confusion !