"L’histoire a été écrite par des vainqueurs" annonce d’emblée Julie Delpy, arborant dès le départ son ambition première: travailler au corps la notion de mythe et de légende, questionner la véracité de ce qui sort de la bouche du passé, de ce(ux) qui reste(nt) après le passage dévoreur du temps. En effet, à l’exception d’une première partie, sage, minutieuse et calme, qui colle au réel avec la quiétude des certitudes, Delpy saute sauvagement dans des eaux rouges sang, à l’hystérie latente et à l’horreur suggestive. Tout est fait dans la subtilité, très (trop?) tranquillement plongeant le spectateur (témoin? juge?) dans une torpeur envoûtante, piégé de tous côtés, à la fois par le récit lui-même (qui dit vrai?) que par le personnage de la Comtesse Bathory, monstre d’ambigüité, entre haine d’elle-même et amour passionnel de l’autre, entre profonde dévotion et immense cruauté. Julie Delpy s’amuse des multiples contradictions de son récit, alternant la chaleur des amours inconditionnelles, et le sang-froid des douleurs (physiques et psychologiques) infligées. Son scénario- sur un fil tendu, austère, imperturbable- se déroule froidement entre mensonges et réalités, beauté et absolue répulsion. Une belle manière de saisir la complexité et la dualité du propos et des caractères. Delpy donne tout (musique, interprétation, réalisation, scénario) pour insuffler choc et chic à son œuvre, se laissant (hélas) parfois emporter par la rigidité d’une mise en scène qui ne parvient jamais à suivre la folie de l’ensemble.
"L’histoire a été écrite par des vainqueurs" annonce d’emblée Julie Delpy, arborant dès le départ son ambition première: travailler au corps la notion de mythe et de légende, questionner la véracité de ce qui sort de la bouche du passé, de ce(ux) qui reste(nt) après le passage dévoreur du temps. En effet, à l’exception d’une première partie, sage, minutieuse et calme, qui colle au réel avec la quiétude des certitudes, Delpy saute sauvagement dans des eaux rouges sang, à l’hystérie latente et à l’horreur suggestive. Tout est fait dans la subtilité, très (trop?) tranquillement plongeant le spectateur (témoin? juge?) dans une torpeur envoûtante, piégé de tous côtés, à la fois par le récit lui-même (qui dit vrai?) que par le personnage de la Comtesse Bathory, monstre d’ambigüité, entre haine d’elle-même et amour passionnel de l’autre, entre profonde dévotion et immense cruauté. Julie Delpy s’amuse des multiples contradictions de son récit, alternant la chaleur des amours inconditionnelles, et le sang-froid des douleurs (physiques et psychologiques) infligées. Son scénario- sur un fil tendu, austère, imperturbable- se déroule froidement entre mensonges et réalités, beauté et absolue répulsion. Une belle manière de saisir la complexité et la dualité du propos et des caractères. Delpy donne tout (musique, interprétation, réalisation, scénario) pour insuffler choc et chic à son œuvre, se laissant (hélas) parfois emporter par la rigidité d’une mise en scène qui ne parvient jamais à suivre la folie de l’ensemble.