Par Aline Apostolska - Depuis Montréal pour le BSCNEWS.FR / Tandis qu’à Paris à l’Assemblée Nationale le torchon brûle entre droite et gauche à propos de l’opportunité d’une loi interdisant complètement le port du niqab dans l’espace public français, à Montréal se tient du 19 au 22 mai un colloque sur le thème des relations entre laïcité et égalité. www.cciel.ca
Organisé par le Collectif citoyen pour l’égalité et la laïcité (CCIEL) avec la collaboration du Conseil du statut de la femme et le Consulat général de France à Québec, il se tient à Montréal les 19, 21 et 22 mai à la Grande Bibliothèque, et à Québec le 20 mai au Musée de la civilisation. Avec des invités français et québécois, dont Djemila Benhabib et Caroline Fourest, mais aussi Fiammetta Venner, Christiane Pelchat, Louise Mailloux, Pierre Lacerte, Stéphane Catta, Daniel Baril, Louise Beaudoin, Liza Frulla, Louise Langevin, Jacques Beaumier, Francine Lavoie, Pierre Mouterde, Hafida Oussedik, Louis Gill, Pierre K. Malouf, Claudette Carbonneau, Jean-Claude Germain, Carole Poirier, Micheline Bail, Joëlle Quérin, Mathieu Bock-Côté, Josée Legault et André Gagnon.
Sur le sujet de la laïcité de l’espace public, le Québec est aussi intransigeant que l’est la France, du moins en ce qui concerne ses institutions, la laïcité étant inscrite comme un principe inaltérable dans la Constitution. Oui mais, pendant l’année 2007-2008 s’est tenu un débat public, sur l’ensemble du territoire québécois, menée par la Commission sur les pratiques d’accommodement reliées aux différentes culturelles sous la double présidence de deux universitaires experts, Gérard Bouchard et Charles Taylor www.accommodements.qc.ca, laquelle a recommandé, dans la pratique quotidienne et donc par-delà l’irréductibilité de la loi, une «tolérance transversale» qui permette à tout un chacun (et chacune) de se sentir libre de vivre ses choix culturels, mais aussi religieux, au sein de la société pluriethnique québécoise. Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, la perception québécoise est souvent proche de l’esprit anglo-saxon, en vigueur en Grande-Bretagne et aux États-Unis notamment, selon lequel le respect des libertés individuelles passe par la tolérance à l’égard de l’exposition des pratiques culturelles et religieuses dans tous les contextes. À l’inverse nous pensons en France, et ailleurs, que le respect de la liberté de chacun passe par le fait de reléguer cette exposition à l’espace privé. Une perception un peu différente des droits et obligations liées au respect des libertés. Concrètement ça veut dire quoi ? Que récemment une fonctionnaire canadienne s’est vue congédiée pour avoir refusé d’enlever son voile intégral et qu’une maman n’a pas pu repartir avec son enfant qu’elle était venue chercher à la garderie complètement voilée. Mais qu’en revanche, on peut se promener comme on veut, sous un niqab ou en culotte, dans la rue… Les débats qui se tiendront à Montréal et à Québec du 19 au 22 mai promettent donc d’être fort intéressants.
Stéphane Catta, Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle au Consulat Général de France à Québec, qui interviendra lors du colloque, nous livre ci-dessous le résumé de son allocution. Bonne lecture et n’hésitez pas à nous écrire pour nous faire part de vos commentaires.
"Un important colloque sur le thème « égalité et laïcité, quelles perspectives ? » se tiendra à Montréal les 19, 21 et 22 mai prochains (Grande bibliothèque) ainsi qu’à Québec, le 20 mai (au Musée de la Civilisation).
Organisé par le Collectif citoyen pour l’Egalité et la Laïcité (CCIEL) et le Conseil du Statut de la Femme, il bénéficiera du soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle du Consulat Général de France à Québec.
Je suis moi-même très honoré d’y avoir été invité pour évoquer la laïcité française. Cette laïcité, inscrite dans l’identité de notre Nation, née d’une longue histoire, doit surmonter aujourd’hui de nouveaux défis mais reste, aussi, pour reprendre les termes utilisés par le philosophe français Henri PENA-RUIZ, le meilleur cadre « qui rend possible la manifestation de la diversité sans morcellement communautariste de l’espace civique, préservé à la fois comme fondement de paix et comme horizon d’universalité ».
J’aurai la grande fierté de me retrouver, pour cette occasion, aux côtés de deux compatriotes exceptionnelles, deux brillantes journalistes et essayistes, deux femmes de courage, Caroline FOUREST et Fiammetta VENNER, qui ont fait de tous les intégrismes religieux leur objet d’étude en même temps que la cible principale de leurs combats.
Il me faut rendre hommage également ici à Djemila BENHABIB, une autre jeune femme lumineuse, canadienne d’origine algérienne, qui a écrit un récit bouleversant, « Ma vie à Contre-Coran », et qui est l’âme de ce colloque qui réunit bien d’autres personnalités d’horizons divers, qui toutes luttent pour la liberté de conscience, l’égalité entre les hommes et les femmes et pour la fraternité universelle. On trouve là les trois mots de la devise républicaine française : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. La France d’aujourd’hui se doit d’y rester fidèle pour conserver son intégrité et sa dignité mais aussi pour maintenir son rang dans le monde. La France ne cherche pas à imposer un modèle mais propose une référence de laquelle chaque nation peut librement s’inspirer. La France se doit aussi d’observer ce qui s’imagine ailleurs, et au Québec en particulier, pour résister aux menaces intégristes, pour unir plutôt que pour diviser, pour accorder à chacun, homme ou femme, sa place dans la société."
Stéphane Catta
Quant à moi je reviendrai la semaine prochaine pour vous parler de danse. La danse québécoise est en effet l’invitée principale du 7ème Festival International de Danse contemporaine de la Biennale de Venise du 26 mai au 12 juin prochain www.e-venise.com/biennale-venise, alors que s’ouvre simultanément à Montréal, à partir du 27 mai, le Festival Trans Amériques, grand festival international annuel de danse et théâtre www.fta.qc.ca Bonne semaine !