Dimanche, un fait plus exceptionnel que la libération de Clotilde Reiss s’est produit à l’Elysée. Délaissant son rôle fétiche de VRP, Nicolas Sarkozy a joué la carte de la modestie. Sur le perron, alors que Bernard Kouchner et un aréopage de diplomates entouraient la nouvelle libérée, Nicolas Sarkozy brillait par son absence.
Déjà, quelques jours plus tôt, en plein cœur de la crise grecque, les commentateurs soulignaient la relative discrétion du président de la République, pourtant au centre de la résolution européenne.
C’est une véritable rupture dans la stratégie de communication présidentielle. Se considérant jusque là comme le meilleur porte-parole de son action, le président ne ratait jamais une occasion de se mettre en avant. Sa stratégie : occuper le terrrain médiaique et faire l’agenda. Un créneau qui a montré depuis quelques mois des signes de fatigue. Tandis que la cote de popularité du Président de la République est au plus bas, messages présidentiels et déplacements se succèdent dans l’indifférence.
Dans ce contexte tendu, les conseillers politiques ont ressorti du placard une théorie, élaborée par Jacques Pihlan, qui avait fait les succès électoraux et assuré la longévité de Jacques Chirac et François Mitterrand. Jacques Pihlan était le fervent défenseur d’une parole présidentielle rare et maitrisée. Au centre de cette stratégie, se trouve la gestion du désir, notion centrale selon François Bazin, journaliste au nouvel Obs : « Jacques Pilhan se disait lui-même stratège du désir. La règle de base, c’est que pour être entendu, il faut être attendu.»
En créant une pause dans ce débit frénétique qui dure depuis 2002 , Nicolas Sarkozy cherche à désaturer l’espace médiatique. Bref, parler moins pour être mieux entendu. Déjà, les premiers signes positifs du sevrage se font sentir. Selon le dernier baromètre de Tns sofres, publié début mai, le Président enraye la chute et regagne deux points ; Une évolution positive confirmée par Opinion way et Viavoice. Mais le chemin est encore long pour espérer, parmi l’entourage présidentiel, qu’en 2012, les français auront à nouveau envie de l’écouter.