Hayabusa revient ! La sonde japonaise devrait arriver le 13 juin

Publié le 20 mai 2010 par Cieletespace

Il y aura du suspense ce 13 juin quand, au-dessus de l’Australie, la petite capsule de la sonde japonaise Hayabusa franchira la barrière de l’atmosphère terrestre. Protégée par un bouclier thermique, elle devrait se poser en douceur dans le désert si son parachute s’est ouvert et a clos, comme imaginé par ses concepteurs, ce très long voyage. Un grand tour dans l’espace en forme d’Odyssée tant les épisodes dramatiques n’ont pas manqué. Il faut dire que Hayabusa a presque tout perdu au fil du temps : son alimentation en énergie solaire, ses systèmes de stabilisation et d’orientation, son mini-atterrisseur qui devait se poser à la surface de sa cible — l’astéroïde Itokawa —, l’essentiel de ses liaisons avec la Terre et, pour parfaire le tout, la majeure partie de sa capacité de propulsion… Cela fait beaucoup. Et c’est un quasi-miracle, dû essentiellement à l’ingéniosité de ses pilotes, que de la voir terminer sa mission avec trois ans de retard et, surtout, rentrer à bon port.

Mais qu’il y a-t-il dans ses soutes ? Ce petit engin, dont on se prend à penser — comme dans les légendes japonaises — qu’il possède son propre “esprit” tant il s’est battu pour survivre, a-t-il pu collecter de précieux échantillons de poussière ?

Ce serait magique et extraordinaire !

Vous découvrirez dans ce dossier de Ciel & Espace les détails du voyage épique de Hayabusa et les enjeux scientifiques de l’analyse des éventuels échantillons. Il faut dire qu’à la suite des déclarations du président Obama sur l’avenir des vols habités, l’idée de voir des astronautes se poser à la surface d’astéroïdes n’a plus rien d’une fiction. Ce devrait même être l’événement de ces prochaines décennies, capable de réconcilier l’intérêt du grand public avec une activité spatiale en difficulté de grandes causes. Et l’étude des astéroïdes géocroiseurs en est une !

La preuve, cette nouvelle étude, publiée par le National Research Council américain, qui pointe du doigt la faiblesse des moyens consacrés à la recherche de ces petits corps capables de frapper la Terre. Et ce n’est plus seulement leur taille qui inquiète (aucun astéroïde de plus de 1 km de diamètre ne nous menace actuellement), mais le nombre de petites montagnes célestes restant à découvrir. Seul le quart des rochers de taille comprise entre 140 m et 1 km, susceptibles d’entrer en collision avec notre planète, aurait été découvert. Quant aux moyens d’interception ou de déviation, ils n’existent toujours que sur le papier. Pour les auteurs du rapport, le constat s’impose qu’il est impossible de faire quoi que ce soit sans un préavis minimal de… dix ans. C’est trop !

Dès lors, le programme est d’identifier tous les intrus potentiels, de connaître leurs trajectoires, origines et compositions. Puis d’étudier in situ les meilleures façons de dévier les courses des plus menaçants. Cette épée de Damoclès-là n’a rien de théorique ; en témoignent les traces des derniers coups portés, les fameux smoking guns dont on ne sait pas compter les victimes. Dans ce contexte, Hayabusa est un ange porteur d’un précieux message…

À condition qu’il ne se brûle pas les ailes.

Alain Cirou

Directeur de la rédaction

HAYABUSA REVIENT !

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*Film documentaire "Eyes on the sky", proposé par l'Agence spatiale européenne.