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Dans sa bulle - Suzanne Myre

Par Venise19 @VeniseLandry
Dans sa bulle - Suzanne MyreJ’étais toute excitée de lire « Dans sa bulle », j’ai gardé un si bon souvenir de son dernier recueil de nouvelles (Mises à mort) pour les sarcasmes qui tombent comme des couperets, pour le condensé qui frappe. Faut dire que lorsqu’on en est à son cinquième recueil en six ans, on peut parler d’expertise.
Suzanne Myre, quand elle change de genre, elle n’y va pas à moitié et nous présente un roman de 410 pages !
Dès le départ, j’ai retrouvé et savouré son style à l'humour mordant qui se prête tellement bien à la vie dans un hôpital, je me retrouvais en terrain connu (le sarcasme !), et je m’en délectais. Mélisse est une préposée au bénéficiaire qui aime son métier malgré un œil et un jugement aiguisés. Très, très aiguisés. Son œil scanne sa réalité qu’elle nous rend avec autant d’ironie que de bonhommie (à laquelle j’ai dû m’habituer!). Cette jeune femme est indéniablement aimée des hommes ; le vieillard alerte, l’ami bizarre, l’adonis amoureux, le médecin complice, tous sont sous son charme. Les autres préposés, les malades, tous l’aiment ou l’aimerons. On parle d'un ton « vaudeville », j’oserai une manière plus moderne de le dire, un ton un peu chick litt. J’espère que le mot ne fera pas peur à ceux qui y sont allergiques, c’est le temps ou jamais de s’ouvrir et ne pas bouder son plaisir. Cette légèreté n’exclut en rien, ici, un propos nourri et intelligent.
C’est léger dans le sens qu’entre le ton dramatique et comique, l’auteure a poussé fort sur le dernier, y ajoutant l’option d’embellir les situations. On sait qu’il est rare qu’une femme se trouvant ordinaire, vivant une routine ultra ordinaire, avec indifférence ou ressentiment pour ses parents, captive à ce point tous les hommes intéressants. Pourtant, l'histoire se tient et on y croit mais ne cherchez pas de sens psychologique profond.
Un de mes thèmes préférés a été l’amour filial, justement un moteur de ce roman, et j'ai apprécié l'action dans un hôpital que l'auteure connaît bien étant elle-même préposée au bénéficiaire. Les descriptions sont savoureuses.
Pour la narration, il y a les chapitres de Mélisse où on se tient près d’elle avec le « je », et on visite les autres personnages par le « il ». C’est de plus en plus courant cette rotation entre le "je" et le "il" mais j’avoue, et je cherche encore à mettre le doigt sur ce qui m’a dérangé, que j’ai eu l’impression que la narration au « je » n’étais pas aussi stable que celle au « il ». Je m’approchais de Mélisse, ayant l’impression de la connaître, et de l’aimer, et puis, elle me revenait avec un ton qui me semblait légèrement changé, plus froid, moins entraînant à ce qu'il me semblait. En même temps que je l'écris, je me sermonne « que me voilà exigeante et pointilleuse ! »
J’avoue sincèrement avoir eu tendance à décortiquer ce roman. Peut-être parce que j’avais beaucoup d’attente, j’ai voulu absolument comprendre pourquoi je ne suis pas sortie de ma lecture emballée. J’en suis sortie amusée. Certains diront que c’est déjà beaucoup ... et ils ont bien raison !

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