L’antilope de Karen Blixen.
Un des plus beau passage de ce livre magique qu’est La ferme africaine est celui qui raconte l’adoption d’un bébé antilope.
“À l’époque, Lullu n’était pas plus grande qu’un chat, avec de grands yeux calmes et violets. Elle avait des pattes si fines que l’on pouvait craindre qu’elle ne supporte pas de se plier et de se déplier quand elle se couchait et se relevait. Ses oreilles étaient lisses comme de la soie et infiniment expressives. Son museau était noir comme une truffe. Elle avait des sabots si minuscules que son pas ressemblait à celui d’une chinoise noble des temps anciens aux pieds bandés. C’était une expérience étrange de tenir dans ses bras une créature aussi achevée que Lullu.
Lullu s’habitua immédiatement à la maison et à ses occupants, et se conduisit comme si elle était chez elle. La première semaine, les parquets cirés furent un problèmes pour elle, car dès qu’elle quittait les tapis, ses pattes partaient dans tous les sens. Cela avait l’air catastrophique, mais elle ne se laissa point rebuter et, peu à peu, elle appris à se déplacer sur les parquets avec une série de petits bruits semblables à ceux d’un doigt qui tapote d’énervement. toutes ses manières témoignaient de la classe, de la grâce et de la coquetterie. Elle montra de l’entêtement dès son plus jeune âge et quand je l’empêchait de faire ce qu’elle avait en tête, elle prenait un air qui semblait dire : “Tout, mais pas de scène.” (…)
Un fois adulte et au faîte de sa beauté, Lullu était une jeune antilope mince et adorable de la tête aux pattes. Elle ressemblait à une illustration, peinte avec soin, du poème de Heine sur les gazelles intelligentes et pieuses des bords du Gange.”
Mais Lullu ne pourra rester captive…
Photographie de Nick Brandt, découvert grâce à liquidnight.