Aujourd'hui, tous ensemble, fêtons Cannes, fêtons le cinéma, et parlons du plus italien de ses représentants, à savoir le cinéma italien.
De tout temps, le cinéma italien a terrorisé l'homme moderne (Homo sallobscurensis). Pourquoi ? Je vais vous le dire, si vous voulez bien m'en laisser le temps.
Le cinéma italien pourrait, de prime abord, paraître simplement rébarbatif, une fois mis de côté les seins de Gina Lollobrigida la bien nommée.
Réalisés par des cinéastes italiens qu'on mélange tous à cause de leurs noms en i (comme dans « Hiiiii que tu m'as fait peur, grand fou de cinéaste italien ! », expression usitée en Italie quand
un grand fou de cinéaste vient vous faire « coucou qui c'est ? » alors que vous sirotez tranquillement un café Lavazza sur la place San Marco avec votre grand-mère qui tricote à vos côtés tout en
méditant sa prochaine vendetta), les films italiens sont en effet bourrés d'acteurs italiens en costume italien, circulant dans des villes italiennes pleines de chauffards italiens et d'accortes
italiennes à la voix crispante et au geste chantant. Et que leur arrive-t-il, à tous ces italiens ?
Des italienneries. Et que je parle en italien en agitant les bras, et que je bois un café Lavazza sur la place San Marco avec ma grand-mère qui tricote, et que je fais des orgies décadentes dans
des chateaux bizarres avec des jeunes italiens qui montrent leurs fesses imberbes sur des rythmes italiens.
Qui cela peut-il intéresser ? J'ai une tête d'italien ? Une moustache d'italien ? Une passion inavouée pour les fessiers imberbes de jeunes italiens ? Non.
Personne n'en a, sauf les italiens. Ce sont donc les seuls spectateurs potentiellement potentiels du cinéma italien.
Et pourtant. Pourtant, ce cinéma a longtemps fait parler de lui ailleurs qu'en Italie, et en particulier en France, pays qui nourrit un étrange attrait pour les films qui ne marchent nulle part
ailleurs, ainsi que le prouve Jerry Lewis, idole improbable des cinéphiles français à moustache et pull en mohair (ceux qui fument la pipe en lisant le Monde dans leur salon).
Cela m'a longtemps étonné, puis, au bout d'une longue réflexion (pour tout vous dire, je viens d'arriver à cette conclusion en fermant cette parenthèse), j'ai fini par comprendre qu'il m'était
impossible d'arriver à trouver une raison valable. Ce que c'est que la vie, quand même. On se crève à faire des phrases introductives qui titillent le chaland, et on est pas fichus de
l'exploiter.
Revenons en au cinéma italien. Outre les défauts inhérents à leur ritalitude, l'on peut constater chez ce cinéma-là une certaine tendance à la magnification des penchants les plus dégoûtants des
humains, qui sont déjà dégoûtants, amplifiés par le fait qu'ils sont italiens et trichent au foot.
Prenez Affreux, Sales et Méchants. Vous savez qui en sont les personnages principaux ? Des gens affreux, sales et méchants. Alors que quand on va au cinéma, je suis désolé, mais c'est pour voir
des bombasses en bikini tuer des nazis avec un flingue dans chaque main et un obus dans chaque petit carré de tissu, là, au-dessus du nombril.
Prenez les Monstres. Alors ceux-là, ils vous prennent par surprise (that's what she said). On vous dit « hey, viens au cinoche, on va voir les Monstres », vous vous dites, chouette, on va pouvoir
regarder un insecte géant qui déshabille une gonzesse un peu attrayante avec ses mandibules, ou bien au moins des bestioles géantes avec des tentacules qui déshabillent des gonzesse un peu
attrayantes, en étant un peu effrayantes (les bestioles, pas les attrayantes).
Mais non. Vous voyez des italiens sans bikini. Qui font des trucs d'italiens, dans tous les sens.
Et là, paf, comme l'indique le titre, vous vous rendez compte. Compte que les italiens ne sont pas seulement affreux, sales et méchants (et voleurs, et tricheurs au foot). Ce sont de vrais
monstres. La lie de la société. Qui n'hésitent pas à faire des films à sketchs sans monstres à tentacules et gonzesse en bikini et à l'appeler « les Monstres ».
Bon, à côté de ça, hein, le film, mis à part le fait que ce soit des enfoirés de voleurs qui nous font croire qu'on va voir des monstres, il est... italien. Encore plus qu'Affreux, sales et
méchants. Les mendiants y exploitent des aveugles, les saint François se pomponnent pour faire des sermons sur la modestie, les réalisateurs kidnappent des grand-mères. Ceci explique sans doute
les aiguilles à tricoter sur la place San Marco. C'est pour éloigner les réalisateurs.
Enfin. Tout ça, je ne m'en souvenais plus, mais toujours est-il que c'est un film à voir, ne serait-ce que pour se rappeler pourquoi il faut se méfier des italiens.