AUBE D’OKLAHOMA
Tout est chouette nulle part.
Ce moulin à vent rouge est chouette et nulle part.
Mes instincts ne sont pas clairs quelque part.
Ils me font signe de la main
comme des câbles fous
chacun ayant sa voix propre.
L’un d’eux dit ; « Pars dans les bois,
tout de suite ». Un autre murmure quelque chose
au sujet d’une bourse d’études, poussière
érudite sur le froncement, (toux),
passe-moi ce lexique, Wilmer.
Une voix jeune a une conscience,
et une autre encore plus jeune
chante à un arbre,
tandis que le grand soleil rouge plonge
et disparaît derrière la raffinerie
pas vue depuis 1959.
C’est un peu déprimant, en fait,
l’impression que c’était en réalité une vue ennuyante donc déprimante,
mais tu étais là dans une Chevrolet blanche
à quatre heures du matin,
avec l’appréhension de l’étrange supplice du petit-déjeuner,
dans un restau routier éclairé au néon, avec des camions, des gros,
et des types qui entraient et posaient leur pistolet sur la table,
pour que le coup ne parte pas dans leur pantalon
quand ils se jetteraient sur le steak et les œufs
et les pommes de terre fricassées et beaucoup de bon café chaud
noir, et une part de tarte à la pêche à emporter.
Où est-il allé
avec ses mains
celle de droite gigantesque musée de la tache de nicotine,
et la fumée de mille Camels dans la voix,
le roulement de la roue de la fortune dans les yeux
alors qu’il paie la note verte et sort tranquillement,
un drôle de monsieur personne, poursuivant son chemin dans l’aube d’Oklahoma.
Écouter
Ron Padgett dire ce poème (en anglais)
Ron Padgett, Le Grand quelque chose,
traduction de l’anglais (Etats-Unis) et postface d’Olivier Brossard, Éditions Joca
Seria, 2010, 15 €, p. 32
Bio-bibliographie
de Ron Padgett
S’abonner
à Poezibao
Une de Poezibao