Le visage que tu portes,
où tu caches sous la peau
de farouches animaux
qui rôdent dans les clairières,
arrache-le! Tu retrouves
sous la ténébreuse image
la nuit d’un autre visage
qu’il faut encore déchirer.
Et de visage en visage,
arrachés et déchirés,
lèvres noires, plaies figées
au rivage du miroir,
tu gagnes ta propre images
ta demeure d’écorché
où des griffes de clarté
poussent d’étranges ravages:
beau visage de vivant,
camaïeu d’os et de nerfs,
forêt de veines, d’artères
où battent les tambours du sang.
(Jean Joubert)
Illustration