Voilà une histoire qui peut paraître, de prime abord, simplette mais qui aborde, en réalité, le monde de l'imaginaire et tout ce qui peut se rapporter aux attitudes de lecteurs lors d'une lecture. Il est évident que quel que soit son âge, le lecteur vibre au gré des mots de l'histoire dans laquelle il est plongé: il a peur pour son héros, il lui lance (in petto) des avertissements pour que la danger ne le surprenne pas, il est heureux ou triste avec son héros.
Par ailleurs, lorsque les lapins, puis le loup (pour sa fin "tragique") sortent du livre, c'est le pouvoir d'action du lecteur qui est souligné par l'auteur: oui, quand on lit, de manière active, on a un pouvoir, celui d'interprêter le texte, voire de le modifier pour en créer un autre...l'auteur ne s'efface-t-il pas devant l'imaginaire de son lecteur?
Sans en avoir l'air, Jacques Duquennoy, amène son jeune lecteur à aborder des rivages inconnus bien alléchants, tel un passeur de rêves, de mots et d'imaginaire et l'aide à construire son essence de lecteur. Derrière les illustrations simples, tendres et efficaces, tout un monde est offert à l'appétit de lire, les rituels de lectures sont suggérés ainsi que les ressentis au cours d'une histoire. La simplicité cache souvent des chemins secrets et sinueux, parcours initiatiques pour toucher du doigt la puissance de l'acte de lire.