Ce mois-ci un disque vraiment exceptionnel: 'Congo Jazz' issu des trésors qu'on trouve encore en 78 tours en quelques endroits de la planète... Un travail de collectionneur et de DJ également! Plus bas, un interview à paraître dans le prochain Rif Raf de juin de The Peas Project dont nous parlions le mois dernier... à suivre le 28 mai au Jazz Marathon: concert sur la Grand Place!
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Blue Flamingo
‘Congo Jazz’
V2/Excelsior Recordings
Blue Flamingo est l’un de ces obsessionnels du vinyle, façon plus old school que old vu qu’il collectionne et fait tourner sur d’antiques machines les 78 tours uniquement. Dans un travail de digger acharné et de détective international, il a mis notamment la main sur des copies rarissimes d’enregistrements congolais des années 30, époque où les Congolais retrouvent dans la musique cubaine importée par les colons, une partie de leur héritage rythmique, mélodique, etc. Il ne s’agit pas là de musiques qui font la gloire de collectionneurs (sinon je n’en parlerais pas) mais bel et bien titres qui sont absolument jouissifs à écouter. Le disque est divisé en trois mix chacun orientés sur des thèmes différents : les racines nouvelles- orléanaises de ce ‘Congo Jazz’ avec ce pétaradant ‘I’m Mister African’ de Leon Rene’s Orchestra, l’exotica avant l’heure de ‘Borneo’ et bien d’autres. Ensuite le ‘Congo Jazz’ à proprement parlé exhume des petites splendeurs du premier label du pays, Ngoma Records, comme ‘Fiesta Cubana’ un cha cha cha faussement naïf, la rumba ‘Bolingo E Gagne’ dont la guitare monte dans les aiguës et accélère la cadence en plein milieu de la chanson… cela deviendra une des caractéristiques de la musique du pays. Le troisième mix ‘That Old Time Religion’ fait la part belle au père du gospel, Thomas Dorsey, avec des titres vocalement transcendants, pour preuve ce ‘I’m On My Way To Canaan’ par Mahalia Jackson. Bref un disque exceptionnel tant par la sélection des titres que par leur association musicale et thématique. Son d’époque mais de qualité et parfaitement écoutable aujourd’hui. (jd)
&
Morcheeba
‘Blood Like Lemonade’
PIAS
« Hij kan het niet » disait un grand chambellan de la cour à propos du potentiel royal de prince Philippe. De même ce ‘Blood Like Lemonade’ n’arrivera pas à succéder honorablement à ses prédécesseurs et marquera la fin d’une belle aventure. Pour ma part, je n’avais jeté qu’une oreille ou deux aux disques qui avaient succédé à ‘Fragments Of Freedom’ et de toute façon, sans Skye, la magie avait disparu. Après avoir vogué dans une aventure solo peu convaincante, celle-ci s’est décidée à rejoindre les frères Godfrey pour un nouvel album et on s’en réjouissait. De helaasheid der dingen est que cet album est ennuyeux et d’une mièvrerie sans nom : rien à garder dans ces dix titres d’une pop insipide et terriblement molle. Déception. Où sont passés les sons trip-hop phosphorescents de ‘Who Can You Trust’ ? Ceux du ‘Big Calm’ olympien ? Et cette pop soul naïve aux refrains enivrants de ‘Fragments Of Freedom’ ?? Et bien tout cela est à présent recyclé pour une cuvée 2010 mais avec un Morcheeba totalement en manque d’inspiration. C’est étonnant de constater cet effondrement : il est clair que ces gens n’avaient plus rien à créer ensemble et qu’il n’y aura pas de next episode. Laissons le macchabée reposer là où il est en paix, quelque part dans les 90’. Comme le disait le king of pop philosophe, George Harrison, ‘All Things Must Pass’ et c’est très bien ainsi. (jd)
Dreadzone
‘Eye On The Horizon’
Dubwiser
Les prix Nobels, ça vient de tomber : prix Nobel d’économie : Goldman-Sucks pour avoir saborder tout le système capitaliste et s’être refait des golden balls en même pas un an avec des comptes truqués et des spéculations en tout genre. Prix Nobel de la paix communautaire : Alexander de Croo : sa brillante intervention de crooquemort aura le mérite de précipiter l’indépendance desdites communautés et d’éradiquer à jamais ces conflits stériles ; et ce faisant, il prive les politicards de leur joujou favori. Alors, suivant. Celui-là, c’est chaque année le même, ça devient lassant : prix Nobel de cache-cache, attribué à Ben Laden, bon on sait. Prix Nobel du come-back le plus pourri : il y avait-là un gros enjeu et le jury s’est étripé pour départager qui de Morcheeba ou Dreadzone l’emporterait. On ne s’étonnera pas de trouver deux groupes anglais dans ces positions très convoitées, et bien c’est Dreadzone qui l’emporte ! Ce groupe de dub, electro, reggae, rock des années 90 aurait déjà dû arrêter depuis longtemps mais il semble s’obstiner à nous servir la musique la plus nulle qui soit avec une recherche avérée des clichés les plus éculés. Leur nouvel album s’appelle ‘Eye On The Horizon’ avec un gros œil avachi qui regarde une ville entière avec concupiscence, on dirait Bart De Wever qui fantasme sur Bruxelles. Je vais donc lui envoyer ce disque en guise de geste pacificateur. Oui je suis comme ça. (jd)
‘On’
Ninja Tune
L’un des plus anciens de l’écurie Ninja Tune, Funki Porcini (AKA James Braddell) nous revient pour une cinquième mouture d’un travail toujours basé sur les samples. Travaillant cette matière depuis ‘Head Phone Sex’ sorti en 1995 (soit un peu avant le ‘Endtroducing’ de DJ Shadow), il fait figure de pionnier du trip hop. Manipulant une grande variété de sons (jazz surréel, musique synthétique, cinématique, noise etc.), Funki nous emmène dans des contrées toujours aussi étranges, mais sans doute avec moins de noirceur et plus d’onirisme que par le passé. Le très éthéré ‘The 3rd Man’ fait ainsi référence à ce qu’on souvent reporté les explorateurs de l’Antarctique expliquant qu’ils ressentent par moment la présence d’une impalpable tierce personne dans leur équipe, impression devenue tellement courante là-bas que c’en est devenu un vrai phénomène et sans doute bientôt plus qu’une private joke. ‘Waking Up’ est un long et stimulant crescendo qui va pousser tout quidam à se demander chaque matin à l’instar de Dali : « qu’est-ce que mon génie va encore me faire faire d’exceptionnel aujourd’hui ». Bref voilà un qui travail se joue des frontières stylistiques avec brio et constitue un antidote aux codes psychorigides et formatés. En attendant de les exiler d’urgence sur un îlot gelé, voilà un bon disque à offrir à tous ces politicards belges aux neurones plus griffés qu’un vinyle des années 60, afin qu’ils remettent en cause leurs consternantes certitudes. (jd)
Javelin
‘No Mas’
Luaka Bop Records
Dans cet exercice d’electro pop kitch qui fera un malheur dans les boutiques qui vendent des gadgets 80’ et des T-shirts branchés, on trouve pas mal de titres instrumentaux avec de temps à autre, des petites voix frelatées au vocodeur. Dans ces petites ritournelles acidulées pour la forme mais insipide dans le fond, on entend distinctement ce duo new-yorkais railler notre pays avec des choses comme : tendez votre cul, Belgique, tendez plus haut, svp, aub. Oui voilà, encore un petit effort, oh oui, comme ça ! Il y a encore un parti flamand qui veut se faire une réputation sur votre dos. Euh, pardon je devrais dire dans votre cul, haha. Non pas besoin de vaseline, ça va encore grever le budget fédéral et qui va payer pour ce pot-là, la Sécu ? Puis, vous avez l’habitude depuis tout ce temps. Quoi ? Bon, allez mais un tout petit peu, hein. C’est vrai que ce n’est que le début d’une longue, longue tournante, d’un véritable carrousel faut-il dire. D’autant qu’il y a vos gentils petits amis francophones là, qui attendent leur tour, en s’astiquant la quéquette électorale… Bon, petites quéquettes mais de quoi vous saigner quand même ; les calibres bazookas, on les trouve que de l’autre côté de la frontière, c’est là qu’il y a l’argent, le pouvoir et les gens qui ont des convictions, des gens burnés quoi, vous le savez quand même. Ah ! Voilà qu’arrive le jeune Alexander avec sa tête de gland. Il va vous chanter une petite chanson américaine pour rendre le moment plus distrayant, ça s’appelle ‘I’m Bad, I’m Nationwide’. Allez, plus haut ton cul, plus haut ! Et tu te tais. Dans toutes les langues. Je ne veux même pas entendre le moindre popopom. (jd)
‘Dirty Shirt Rock’n’Roll : The First Ten Years’
Shove/Bertus
Déjà 20 ans pour ces déglingués de new-yorkais d’adoption. Jon Spencer vous le dit lui-même : il ne joue pas du blues mais du rock’n’roll qu’il violente de toute les façons possibles et imaginables : rock garage, punk, rockabilly, noise, hip hop electro, tout y passe sans jamais se départir de cette brutalité guitaristique et scénique qui a profondément secoué les entrailles de ceux qui ont osé l’approcher. Pendant ces dix premières années comme les dix suivantes du reste. On trouve donc ici une rétrospective de la période la plus prolifique du groupe livrant un condensé roots et terriblement féroce d’un groupe qui a détruit et reconstruit les bases d’une certaine musique américaine avec une sauvagerie et une liberté inouïe. Chaque titre affiche une puissance absolument intacte à retourner la moindre salle de concert par laquelle le groupe est passé… celle de l’AB doit encore s’en souvenir. Et par ailleurs c’est ce que celui-ci s’apprête à faire à nouveau. Du reste, beaucoup de groupes se souviennent encore de leur son et de leur énergie incomparable, à commencer par White Stripes qui lui doit beaucoup. À la différence que The Jon Spencer Blues Explosion a réellement inventé quelque chose dans le blues et dans le punk à la fois. Une sacrée stature qu’on retrouve avec plaisir. (jd)
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‘Chamber Music’
No Format
Ayant pris le temps de se connaître et d’apprivoiser leurs univers musicaux respectifs (la kora pour l’un, le violoncelle pour l’autre), ces deux musiciens ont finalement décidé d’enregistrer ensemble. Prenant la forme d’un duo dans son plus simple appareil, on ne peut que se délecter de cet art de la conversation que se font ces deux artistes au travers de leurs instruments contrastés : sonorités aiguës et célestes de la kora, basses et ancrées du violoncelle. Après trois ou quatre morceaux, on se prend au jeu de ces réparties : non pas qu’elles soient d’une virtuosité exceptionnelle mais plutôt qu’elles tournent autour de boucles hypnotiques induisant une transe toute douce en particulier sur ‘Histoire de Molly’ et ‘Wo Yé N’Gnougobine’. Il s’agit-là de musiciens brillants qui se font un plaisir de musiciens mais qui captivera également ceux qui ne le sont pas. À l’écoute de ce disque, on repense immanquablement à la magie méditative de celui qui avait réuni Toumani Diabaté et Ali Farka Touré. Troquant la guitare pour le violoncelle, ce ‘Chamber Music’ approche fortement de ce qu’on pouvait y ressentir et va vous faire léviter de quelques millimètres, du moins si vous acceptez de vous laisser faire. (jd)
Ty
‘Special Kind Of Fool’
BBE
T’aimes ça toi le rap Belgique de papa ? Tant mieux car Ty, c’est pas trop son truc non plus. Non ça n’a rien à voir avec la frontière linguistique, il est anglais, il est plus ouvert que ça. Il n’est pas révolutionnaire non plus mais on apprécie la palette sonore assez diversifiée allant de la soul au funk, en passant par le two step et les sons 80’s et les samples mille feuilles. À partir de cette matière, Ty et son co-producteur Drew Horley, délivrent une instrumentation originale prenant la tangente par rapport aux canons du hip hop. Mellow et accessible, cet album bénéficie également des talents d’écriture du Ty qui ont été soulignés dans toutes ses productions précédentes (3 albums de 2001 à 2006 et des collaborations avec De La Soul, Tony Allen notamment). Son flow ne cherche pas à en mettre plein la vue, mais fait des ravages sur des titres comme ‘Heart Is Breaking’ et ‘Little Star’ tant il s’intercale avec dextérité dans les beats, qu’ils soient désarticulés ou up tempo. Mais là où il se distingue le plus de ses congénères, c’est que Ty délivre un hip hop qu’on sent très enjoué doté d’un sens de l’humour peu répandu. Big up. Une question pour les spécialistes hip hop : comment on dit le contraire d’une big up ?? C’est pour tout le gouvernement belge et tout le bordel qu’il nous a foutu… des fois qu’ils n’avaient rien d’autre à faire de leurs journées. Un big down ou quoi ? Mais alors un gros, bien nationwide ! (jd)
‘Mulatu Steps Ahead’
Strut/PIAS
Après la brillante collaboration avec The Heliocentrics, Mulatu Astatke sort à nouveau un disque sur Strut Records et c’est presque un événement pour lui qui n’avait plus sorti d’album à lui seul depuis les années 80’. Il a choisi de défricher ici une nouvelle direction de l’ethio-jazz. Laissez un peu de côté ce que vous connaissiez à commencer par cet album avec les Heliocentrics de même que l’Ethiopiques vol. 4 et toutes ces audaces rythmiques, psyché, etc. Poursuivant son travail d’exploration entre les cultures musicales éthiopiennes, africaines et occidentales, Mulatu nous livre une fusion qui, à défaut d’être toujours aussi novatrice, est à présent plus orchestrale. C’est la présence du Either/Orchestra in Boston et des vibraphones de Maître Mu qui imprègnent le disque sans pour autant éclipser les musiciens éthiopiens venus avec leurs inputs, notamment avec leurs instruments et leurs rythmes (‘Assosa’ est basé sur la musique de la tribu du même nom). ‘I Faram Gami I Faram’ donne quant à lui une interprétation éthiopienne du style afro-cubain (à moins que Maître Mu ne vous dise que c’est l’inverse…) dont il est fascinant de repérer l’ADN qui relie tous ces styles (non c’est pas une salsa à la sauce raï !). Un nouveau disque qui, s’il n’est pas aussi fascinant et excentrique que son prédécesseur, en est sans doute d’autant plus savant. (jd)
Rodrigo Leao & Cinema Ensemble
‘A Mae’
Difference/Uguru
Comme une mouche cantharide sur un caca, ce disque fait appel au meilleur de mes connaissances musicales. Mais quelle muse a bien pu sucer notre inénarrable rédac chef pour me filer un disque pareil ? Sans mentir, le sked commence par quelques accords plaqué au piano, puis de cordes pour dramatiser un peu. Ensuite viennent les arpèges façon B.O du film ‘Une Leçon De Piano’ et un violon d’une finesse bateau. Ah oui et puis y a des vocalises : oooooouuuuu, ooooouuuu, oooouuu et des orchestrations cinématiques, les pizzicatos etc. C’est visiblement l’intension des créateurs, si on en croit le titre. Le problème est que toutes ces mélodies et ces orchestrations sont d’un kitsch abominable, comme un mélange entre un générique de dessin animé du début des années 80 (je sais de quoi je parle) et des assemblages de notes façon mélodie de ‘L’Amour En Héritage’, ‘Autant En Empitre Le Vent’, I am your man and you are my woman chanté en duo par Pavarotti et je ne sais qui ; il y a un peu du larmoyant ‘Stewball’ pour les fans de Hughes Aufray et les boy-scouts. Et toujours plein de violons qui viennent verser en solo leurs larmes de crocodile. De façon incompréhensible Stuart Stapes de Tindersticks, qui personnifie LE chanteur masculin dont la voix est un pur moment de grâce, vient gaspiller ses cordes vocales sur un ‘The Lights Holds So Many Colors’ qui se veut gracieux et élégiaque mais qui est juste affreusement pathétique. Sked qui conviendra parfaitement pour fêter le pot de départ avarié d’un collègue qui a déjà claqué cinq fois sa dém’ mais dont le boss ne peut se séparer. Pas mal aussi pour célébrer l’enterrement d’un pays que beaucoup souhaite voir six pieds sous terre, des fois que vous trouviez le J-S Bach trop old school ou bien trop Belgique de papa comme il convient de dire à présent. (jd)
The Peas Project
Party Pushers
Tout droit sorti d’une galaxie funk en pleine mutation, le nouvel album autoproduit de The Peas Project est une petite bombe institutionnelle qui fait sauter les codes habituels du genre. Discussion intarissable avec quelques-uns des Peas, Jay, Marc, Fred et DJ Mellow qui nous retracent le parcours d’un album « from outer space » mais toujours diablement funky.
Sur ‘Power & Romance’, on entend un son qui est fort différent de votre album précédent. Expliquez-nous d’où est venue cette nouvelle approche.
The Peas Project : « Il y a plusieurs raisons. À l’origine, The Peas Project était et est toujours un groupe de scène avec un style et des places bien précises pour les musiciens. Mais maintenant on est entré dans une ère où, en plus de la scène, il y a la production. On dispose tous d’un home studio sur lequel on travail chacun de notre côté en mettant ensuite en commun nos idées et nos trouvailles. Donc on fait de la musique en studio et plus seulement sur scène ou dans des locaux de répétitions. Ensuite, réunir un groupe de onze personnes pour créer un nouvel album n’était pas quelque chose d’évident. Par la force des choses, une cellule plus restreinte a continué à travailler et avancer en studio sur des musiques qui nous plaisaient, c’est-à-dire surtout sur des beats et des rythmes sur lesquelles on a composé beaucoup de ces nouveaux titres. En fait cette façon de travailler, c’est le contraire de ce qu’on a fait avec le premier disque qui était le résultat de trois années de construction musicale tous ensemble, en répèt, en live, où on cherchait des compos, des arrangements à onze, etc. »
Donc sur ce disque, exit les batteries, les guitares, les scratchs et place aux synthés et aux boîtes à rythmes alors ?
The Peas Project : « Oui car ça n’aurait pas fonctionné du tout de la même façon si on l’avait fait à l’ancienne. Par contre pour les lives, on a réadapté toute cette musique expérimentée et élaborée en studio avec un vrai batteur et tout le groupe habituel pour qu’elle puisse apporter l’énergie différente qu’il faut pour les concerts. Parce que pour nos concerts, on a toujours cette démarche funky et dansante où on joue avec plein de musiciens plutôt qu’avec plein de machines et deux musicos. Maintenant on est dans la logique de l’entonnoir où toute la créativité studio a été canalisée de la façon qu’on entend sur le disque puis tout cela rejaillit sur scène d’une nouvelle façon qui est très big band en fait. »
De fait, on parle de ces sons électroniques mais une des caractéristiques du groupe est d’avoir pu allier cela avec des cuivres toujours aussi funky mais qui ont des arrangements tout à fait particuliers, même pour du funk…
The Peas Project : « En effet on a été confronté à quelque chose de particulier et d’assez excitant en tant que musicien et souffleur. Par exemple sur ‘Naked Truth’, on a expérimenté des lignes de cuivres avec un ordinateur et un programme arpégiateur très sophistiqué. Il en est sorti quelque chose de tout à fait inattendu qu’un musicien n’aurait jamais sorti comme ça de son chapeau. Car ça n’aurait pas sonné naturel du tout. Mais en retravaillant tout cela, on est arrivé à un résultat vraiment original. Composer une ligne avec un outil informatique sans tenir compte des contraintes instrumentales puis revenir la jouer avec des instruments, ça génère plein de choses auxquelles on n’aurait jamais pensé. C’est quand les machines arrivent à nous surprendre et à contribuer à la créativité et non pas à l’enfermer. Cette façon de travailler qu’on retrouve à différents niveaux, est aussi révélatrice des clichés funk qu’on a voulu dépasser avec cet album. Ceci afin de quitter un certain traditionalisme dans la façon de jouer de nos instruments. On a le plus grand respect pour les grands maîtres du funk et de la soul mais on a voulu proposer quelque chose qui soit différent de ce qu’on entend partout. C’était vraiment un leitmotiv pour ce nouvel album. »
Respect, respect, c’est vite dit, vous flinguez quand même ostensiblement le R’n’B classique sur ‘R’n’B is Dead’ !
The Peas Project : « Il fallait tuer le père pour passer à autre chose, comme on dit ! Donc à la fin du morceau il y a ce soliste qui se fait buter car il ne fait qu’imiter les clichés du style déjà 1000 fois entendus ; c’est un petit clin d’oeil humoristique, c’est aussi ça le funk, savoir déconner, mettre un peu d’autodérision. Malgré tout, la filiation est là et à notre niveau c’est un peu ce qu’il s’est passé entre notre premier et second album : une approche assez classique du funk puis une interprétation beaucoup plus ouverte tout en en gardant l’essence. C’est notre funk attitude en 2010 ! »
C’est comme ça qu’on trouve quelques rythmes un peu afro ?
The Peas Project : « C’est assez nouveau par rapport à l’album précédent mais dans nos live, on avait commencé à jouer ce genre de chose vers 2008. Pour nous le funk est toujours là mais peu à peu, de nouvelles choses se sont profilées dans notre façon de concevoir et de jouer notre musique. Il faut reconnaître que l’afrobeat et toutes ces musiques populaires des pays du sud sont terriblement festives et dansantes, ce qui cadre très bien avec notre projet et notre conception du funk. Mais ce qu’il faut dire aussi, c’est que beaucoup de ces musiques du sud sont en plein boom, grâce à l’électronique qui permet de composer très simplement. Tout cela revient ensuite chez nous avec le baile funk, le kuduro etc. qui offrent des grooves très dansants et qui sont de plus en plus présents dans les musiques électroniques en général. Dans cette nouvelle vague de world music, c’est clair que l’électronique est passée par là, et nous, ces grands échanges nord-sud nous intéressent à fond. Ça donne quelque chose très frais et une grande envie de faire quelque chose de neuf et de se réunir pour faire la fête. Tellement qu’on a déjà commandé une série de remix des titres de cet album avec une orientation carrément dancefloor… »
Un disque disponible numériquement : ‘Power & Romance’ ou sur :
Suivez le guide : http://www.myspace.com/thepeasproject
On stage :
- 28 mai : Brussels Jazz Marathon, Grand Place
- 4 juin : White Hotel Jazz Sessions
- 3 juillet : Bruxelles Les Bains