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Rimbus évoquait il y a quelques jours le “Mur des Expulsés” de Billère. Cette fresque commandée par la mairie, inaugurée le 5 septembre 2009, rend hommage aux étrangers expulsés de France. Le préfet a formé un recours devant le tribunal administratif dans le but d’effacer cette fresque au motif qu’elle ne respectait pas la neutralité du service public, que le conseil municipal n’a pas été consulté. Le 3 octobre 2009, saisi en référé, le juge avait rejeté le pourvoi du préfet mais le 12 janvier 2010, sur le fond, le tribunal administratif de Pau a ordonné que la fresque soit effacée. Il y a quelques jours un petit groupe d’individus avait recouvert la fresque de peinture blanche, laissant l’inscription “C’EST FAIT M. Le PREFET”. Ils ont longuement hésité : fallait-il une majuscule à Monsieur le Préfet ? Puis, ils sont passés à l’acte. Avec de la peinture à l’eau, ce qui montre à quel point l’art est contagieux mais la maîtrise de la technique difficile à acquérir. Nous ne ferons pas de publicité à ces artistes en herbe, un moment tentés par la chanson , sans trop de succès il est vrai.Le maire a fait nettoyer la fresque. Encore une affaire assourdissante. La fresque est pourtant très discrète. Jugez-en. A une centaine de mètres, il faut un oeil particulièrement perçant pour la situer. D’autres murs à proximité sont aussi ornés. Malheureusement, sans être signés Diego Rivera. Le “mur des expulsés” est plutôt réussi mais rien qui fasse tomber à la renverse un amateur. Reste le geste militant qu’on ne peut que saluer. Quant à la neutralité du service public, il ne me semble pas que l’entreprise la remette en cause d’une manière quelconque. Pas davantage en tout cas qu’en accolant “identité nationale” et “intégration” dans la dénomination d’un ministère. Et l’on n’en finirait pas de dresser la liste des partis pris idéologiques et esthétiques abominables qui se dressent fièrement aux quatre coins du pays sans qu’aucun préfet ne sente froissé. J’en veux pour preuve le panneau électronique récemment installé sur cette même place de Billère. A moins que ce ne soit une installation particulièrement audacieuse en hommage à la toute puissance de la finance.