Le parlement belge ici a adopté, par 136 voix sur 138, le 29 avril 2010, un texte par lequel seront punies d'une amende ou de prison les personnes qui "se présenteront dans l'espace public le visage masqué ou dissimulé, en tout ou partie, par un vêtement de manière telle qu'ils ne soient plus identifiables".
Le parlement du canton d'Argovie ici a adopté, par 89 voix contre 33, le 4 mai 2010, une motion demandant l'interdiction du port de la burqa dans l'espace public suisse. Le Grand Conseil argovien va donc préparer une initiative cantonale en ce sens.
Aujourd'hui le gouvernement français a adopté un projet de loi ici qui stipule que "nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage". Les contrevenantes s'exposent à une amende de 150 euros et à devoir suivre un stage de citoyennté ; et ceux qui les contraignent à porter cette tenue, maris ou concubins, à une amende de 15'000 euros et à un an de prison.
Selon des statistiques (?) 2'000 femmes porteraient un voile intégral en France et moins d'une centaine en Suisse. Je suis assez incrédule pour ce qui concerne de telles statistiques dont je me demande comment elles ont bien pu être établies. Aussi bien n'est-ce pas le nombre qui compte.
Eveline Widmer-Schlumpf, la ministre suisse qui dirige le Département de justice et police, en tire pourtant l'argument qu'il n'y a pas pour le moment de problème de burqa en Suisse, mais que l'interdiction ne pourrait être d'actualité que "si les femmes portant la burqa étaient plus nombreuses" ici.
En fait la burqa et le niqab [la photo ci-dessus provient d'ici] ne sont pas le problème, mais l'identification des personnes, quand cela s'avère nécessaire. C'est pourquoi cette interdiction du voile intégral votée en Belgique, proposée en France ou, maintenant, en Suisse, porte atteinte, sous couvert de défendre la dignité des femmes, à la liberté de se vêtir comme on veut, dans la limite, bien sûr, du respect des autres.
Lors d'un débat récent dans l'émission Forum sur La Première ici, Carlo Sommaruga, conseiller national socialiste n'a pas pu s'empêcher, lapsus de classe oblige, de comparer les femmes qui portent le voile intégral à celles qui portent un carré Hermès et des lunettes noires. Quand on est socialiste, on ne se refait pas...
Le même Carlo Sommaruga, en présence d'Oskar Freysinger, voit rouge. Alors que le porte-parole de l'initiative anti-minarets est pragmatique sur le sujet du voile intégral, son adversaire politique ne peut pas s'empêcher de déformer honteusement ses propos qui coïncident pourtant en grande partie aux siens. La peur sans doute que la diabolisation, à laquelle il participe et dont fait l'objet le ténor de l'UDC ne soit contagieuse...
Dans une motion déposée au Conseil national le 19 mars 2010, Oskar Freysinger demande ici que toute personne puisse être identifiée dans quatre situations qui ont rapport avec la sécurité publique et l'égalité devant la loi :
- quand on s'adresse à une autorité fédérale, cantonale ou communale
- quand on utilise des transports publics
- quand on pénètre dans des bâtiments publics où la sécurité doit être assurée aux autres
- quand on manifeste sur le domaine public
Comme on le voit cette motion préserve la liberté de se vêtir. Elle ne demande pas l'interdiction de la burqa ou du niqab. Elle demande seulement que dans certaines circonstances une personne ne s'avance pas masquée et puisse être identifiée. Le bon sens même.
Francis Richard
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