Auteur : Michael MARSHALL SMITH
Plaisir de lecture :
¨˜"°º• Mark est un jeune adolescent de onze ans qui vient d’être déraciné de chez lui.
Après le remariage de sa mère avec David, il est contraint de quitter Londres pour s’installer avec eux à Brighton. Brighton, il connaît : il y allait durant ses vacances, avec sa mère et SON vrai père ; ils flirtaient avec les vagues et faisaient les petites boutiques de la rue passante. Le soir, ils commandaient souvent de la nourriture asiatique livrée.
Mais là, c’est genre, pour toujours. Il n’a encore pas recommencé l’école et va devoir faire face à son beau-père qui fait tout pour lui mener la vie dure. Brighton est une station balnéaire qui a été très cotée par les bourgeois londoniens il y a plusieurs décennies ; maintenant, c’est « plutôt mort ». Surtout qu’il n’a pas le droit de franchir le lotissement et son seul loisir est le skateboard : il tente tant bien que mal de le maitriser… mais finit bien souvent la tronche contre le bitume.
C’est après une énième journée à se morfondre que Mark découvre que l’appartement du sous-sol semble habité, la porte est ouverte. La vieille dame l’ouvre en grand et lui demande de lui changer son ampoule. De fil en aiguille, il est invité à venir boire le thé et à manger un demi-biscuit infect. Pour contrebalancer la prise de bec entre Mark et David, la vieille dame souhaite lui donner du réconfort en lui livrant un secret. Elle lui fait visiter des quartiers inconnus : la demeure des domestiques. Et oui, cette vieille maison ne renferme un appartement au sous-sol que depuis quelques années seulement, avant il s’agissait de l’endroit où « vivait » le personnel.
De retour chez lui pour y passer la nuit, Mark surprend des murmures, de minuscules bruits qui proviennent de la cloison de l’ancien escalier des domestiques. Sont-ce des fantômes, son imagination débordante ou son rêve si réaliste ?
¨˜"°º• Nous voilà entrés de plain pied dans l’univers écroulé d’un adolescent qui n’a rien demandé. Mark, avec un moral au fond des chaussettes, erre sur la plage (seulement celle devant le lotissement) en maudissant son skateboard. On va découvrir avec cette histoire, l’apprentissage de la vie… et ses perceptions !
Ce livre est un instant de vie très bien capturé. On aimerait réellement rentrer davantage dans le côté « fantastique », mais ce n’est pas le but du roman. Pour ceux qui veulent de la magie dans tous les sens, il vaut mieux passer son chemin… tout comme les chercheurs de fantômes en puissance. Il est davantage question de ce petit bonhomme et de sa maturité.
L’histoire est poignante, les ambiances sont superbes. Le pilier central du roman repose sur la grande place faite aux émotions et on se projette facilement aux côté de Mark, dans ces lieux si bien décrits. Le livre ne fait pas office de source à terreur mais d’atmosphères finement créées. Et puis, le suspens est relativement fort… A-t-il rêvé ? Qu’y-a-t-il derrière cette porte des quartiers des domestiques ?
Le scenario n’est pas vraiment original mais le récit est bien conté et Marshall Smith se montre belle plume. La fin me semble quelque peu précipitée, et comme tout lecteur insatisfait éternel, j’aurai véritablement voulu que le mystère soit plus long et qu’il soit abordé plus en profondeur !
¨˜"°º• Michael Marshall Smith, né en 1965 en Angleterre vit actuellement aux Etats-Unis. Il s’éclate plutôt en « horreur » mais devient très vite populaire dans le royaume de la SF où il prend un malin plaisir à mélanger les genres et à se jouer des étiquettes, pour le plus grand bonheur de ses fans.
¨˜"°º• L’illustration d’Anne-Claire Payet, présentée par Milady est bien « calibrée ». C’est grâce à elle, que ce livre - qui m’était totalement inconnu au bataillon - m’a fait de l’œil. « Les Domestiques » était présenté sur un support spécial par la médiathèque et son petit format - A6 de trois cent pages – avait tout pour me séduire !
¨˜"°º• Extrait :
“ [La vieille dame] déposa une tasse de thé à côté de lui. Elle ne ressemblait à aucune des tasses à thé qu'il avait vues auparavant. Le liquide était d'un brun sombre, presque rouge.
_ Voilà.
_ Est-ce que c'est... un genre de thé spécial ?
_ Non, dit-elle en se laissant doucement retomber dans l'autre siège. C'est seulement fort la plupart des gens font leur thé bien trop léger. Et à quoi est-ce que ça sert ? Si vous voulez du thé, buvez du thé. Voilà ce que j'en dis.
A côté de la tasse, elle déposa une assiette sur laquelle était posé le contenu de son sac en papier brun. Il s'agissait d'un gâteau, mais d'un genre auquel Mark n'était pas habitué. Il pensait pourtant avoir vu des choses comme ça à vendre au Point de Rencontre. Le gâteau avait été soigneusement coupé en deux. Mark prit l'une des parts et y mordit prudemment. Il était dur, il avait un goût de farine et était garni de petits raisins. Ca ne collait pas avec l'idée qu'il se faisait de quelque chose de bon.
_ Très bon, dit-il en le reposant.
_ Continue, rétorqua-t-elle. Tout n'est pas bon à la première bouchée.
Cela ressemblait désagréablement au sermon que David lui avait fait à l'étage, avant qu'il s'enfuie. Et Mark se redressa sur son siège.
_ Oh, trésor, dit la vieille dame, est-ce que j'ai dit quelque chose de mal ?
Ils restèrent ainsi un moment. Mark reprit le gâteau et y mordit encore. Le goût était toujours bizarre, comme venu d'un temps où les gens mangeaient des trucs parce qu'ils étaient obligés de manger, et pas parce qu'ils espéraient en retirer du plaisir. La guerre peut-être, déduisit Mark, lorsque les choses avaient été en général de moins bonne qualité. En revanche, il aimait le thé fort. Et les troisième et quatrième bouchées de gâteau - il avait entre-temps revu son niveau d'exigence à la baisse - n'avaient pas été aussi mauvaises. Les raisins, au moins, étaient bons. ”
•º°"˜¨¨˜"°º••º°" ˜¨ ¨¨˜"°º••º°"˜¨¨¨˜"°º••º°"˜¨¨˜"°º•
D’autres avis disponibles chez :
¤ Les Tocades d'Eiram,
¤ Mes Imaginaires (SBM),
¤ Welcome to Nebalia (Nébal),