Anthologie permanente : Jean-Paul Michel

Par Florence Trocmé

Jean-Paul Michel publie Je ne voudrais rien qui mente, dans un livre, aux éditions Flammarion. Sur ce livre, lire une note de Laurent Albaraccin
 
 
Ex-voto 
 
Aux Chasses, « plus qu’à la prise » 
Aux Figures, à la Loi, aux Pères, 
Aux Vertus, poème d’honneur, 
Au peu d’Amour, poème de vérité, 
A l’Effroi, poème d’être, 
À Éros, qui ne ment, 
À Sénèque, aux solitudes, aux sagesses, 
À la fatigue, jouissance d’après l’illusion, 
Au sourire, poème de bonté, 
À Salomon, le luxurieux, l’abondant, le Juste, 
À Sienne, à Dante, aux Louves, 
Au désespoir, à la crainte, au Pire, 
Aux beautés de l’ignorance, à l’incompréhensible des causes, 
À l’Orgueil qui redresse, fouette, fait bondir, 
Aux vieillards méditant, perdus, des fins concrètes, 
À la Beauté, pour ce qu’elle « sauve », 
À Socrate, pour le portrait d’Éros chasseur, & cet énorme orgueil de ne pas dire, 
Aux Affronts, douleur qui nourrit, 
À Spinoza, trois fois banni, 
Aux Grâces, l’incalculable du don, 
À Pontévia, qui pouvait tout entendre, 
À Jean-Marie Dubourdieu, dit « Gavroche », pour ce qu’il fit de sa vie un Jeu 
Au Tabac, poison indien parfait, 
À la Lumière et au bruit, à l’Inconnu réel, à la Chair, 
À la misère d’Être, aussi Chance, 
Aux beautés des Vices, 
À l’ignorante Jeunesse, 
À Max, le mendiant, fraternité,  
Aux vérités qui lèsent, 
À la Faulx, 
À François des Loges, de Montcorbier, de Coquille, 
Aux Béliers du Ciel, Puissances justement nommées, 
Au Vin, poème d’agrandissement ; à Khayyam, son juste saint,  
Aux injures, fronts butés, fronts clairs, 
Au Pari, Aux Éclats, aux Pleurs, 
Aux Villes, poèmes d’habiter, 
Aux Images, pour ce qu’elles rachètent les crimes, 
À la Défaite, poème de lucide détresse, 
Aux Saluts – mais qu’ils brûlent !  
 
                                         (1992) 

• 
 
« Ordonne ce frais déborde des choses données » 
 
Ordonne ce frais désordre des choses données 
Prends 
Toute beauté donnée, toutes choses à l’excès donnés 
Prends. 
Qu’on sente dans ton pas gémir la terre tendre 
Marche. Cadence. Rythme. Chasse. 
Tout le parfait réel. Tout le Mal. Prends. 
Plonge en lui. Nageur ô crache 
avec le sel l’exaltante 
Joie 

                                                                           (En voiture, 27-V-95) 
 
Jean-Paul Michel, Je ne voudrais rien qui mente, dans un livre, Flammarion, 2010, pp. 185 et 231 
 
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Dans le numéro 10 de la revue Le Préau des Collines, un dossier consacré à Jean-Paul Michel 
 
 
 
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