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Etat chronique de poésie 893

Publié le 19 mai 2010 par Xavierlaine081

893

Ballet de chalutiers qui entrent et sortent du port, chacun larguant sa cargaison au quai où s’affairent les marchands.

C’est maigre pitance arrachée à la mer, maigre salaire tiré de dur labeur.

Ceux qui font leur beurre ont le téléphone collé à l’oreille et passent des marchés.

L’offre et la demande laisse le travailleur sur sa paillasse, inquiet.

D’autres, en technocrates avertis, ont d’autres projets, celui de laisser pour morte la vie d’un pays.

Ils sont de mèche, tout le monde le sait, avec des puissants qui entendent tout régenter, tout asservir à la règle de leurs profits.

Qu’importent pour eux le souci et l’ardeur à la tâche, les larmes et les souffrances endurées !

Ici, c’est une sourde plainte qui monte comme en tant d’autres endroits : on est inquiet et on le montre.

*

Tant de rêves en ce ballet d’entrées et sorties du port !

Tant d’horizons, tant de pleurs, tant de joies de revenir vivant de l’âpre combat contre des éléments déchaînés.

On s’applique à sauver ce qui peut l’être. On sait que si l’océan fait le gros dos, c’est avec de bien bonnes raisons. On sait avec intuition ce qu’il faudrait faire. Mais les ciseaux de l’Anastasie technocratique et experte coupent dans le vif : il n’est qu’une parole qui sache faire vérité, celle qui vient d’en haut.

On feint de ne pas comprendre la colère quand elle n’est que l’expression de sourdes incompréhensions, de dialogues rompus, de mots échangés que les bardés de certitude ne peuvent entendre.

*

Il nous reste, assis sur la grève, à observer le lent mouvement du retrait, la subtile hésitation de la houle, juste avant que la vague ne déferle sur les récifs.

C’est un temps suspendu dans le scintillement solaire résonant de vaguelette en vaguelette, jusque dans les gouttelettes d’écume.

L’horizon brille.

Une mouette traverse l’azur de son vol silencieux.

Son filet confié à la dérive des courants, le pêcheur rentre au port, confiant sa vie à deux maigres fanions battus de vent et d’embruns.

La vie, elle, poursuit son cours, loin de cette agitation somme toute bien humaine.

Un Bernard-L’Hermite sort deux pinces d’une coquille d’emprunt. Il avance dans un lagon translucide, entre deux algues silencieuses. Un menu fretin attend que la marée s’en revienne sans se douter des prédateurs qui veillent sur leur avenir.

La société des Hommes croit avoir inventé la poudre quand elle ne fait que reproduire ce que le micro monde lui a déjà appris.

*

Subtiles variations de la lumière

Entre deux dunes

Au crépuscule des attentes

.

Saint-Pierre d’Oléron, 7 avril 2010

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