J’apprivoise le Feu (Jean Joubert)

Par Arbrealettres


J’apprivoise le feu,
dans l’âtre je l’enserre,
je l’attise, le dénoue

sur le lit de braise vive
où se tord la chevelure
des flammes inapaisées,

et il monte de la sève
un bruit d’eau, un bruit de lèvres,
la promesse d’un baiser.

Si la bûche se fissure,
dans son ardente blessure
s’éveille un parfum d’amour.

Ouvre-toi, feu, et respire
ce qu’il reste de désir
dans la fatigue du jour.

(Jean Joubert)


Illustration