Le 16 mai au plateau des Glières. Pas de banderoles. Pas de slogans. Pas de badges. N’en déplaise à la presse taiseuse qui parle du rassemblement de Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui comme d’un rassemblement anti-sarkozyste. Dans les interventions, rien que des témoignages avec des mots clairs : liberté, égalité, fraternité, progrès social, solidarité, service public, république… Des mots qui se heurtent durement au réel. Depuis 2007, Nicolas Sarkozy se rend chaque année aux Glières pour y saluer la mémoire des maquisards massacrés en mars 1944 par les nazis et les miliciens français. Ce qui, au premier abord apparait comme normal et légitime, révèle à l’examen une instrumentalisation de l’Histoire quand il situe son action dans le droit fil « du Conseil National de la Résistance, qui, dans les heures les plus sombres de notre histoire, a su rassembler toutes les forces politiques pour forger le pacte social qui allait permettre la renaissance française » (publié en mars 1944 sous le titre Les jours heureux, le programme du CNR annonçait un ensemble formidable de réformes économiques et sociales parmi lesquelles la Sécurité sociale, les retraites par répartition et la liberté de la presse).
Non, aux Glières les 15 et 16 mai 2010, pas besoin de slogans, pas besoin de banderoles, pas besoin de badges. Il suffisait d’entendre les témoignages d’actions de résistance vraie, collectives souvent, individuelles parfois, toujours subordonnant la légitimité de la dignité humaine à celle des règles établies ou des législations indignes. Non, l’esprit qui soufflait-là n’était pas celui de la revanche, mais celui de la résistance, autrement plus difficile.
À 1500 mètres d’altitude, par deux ou trois degrés et une neige timide aussi tremblotante que nos guiboles, nous étions trois mille, une trentaine des Monts du Lyonnais, à écouter durant plus de deux heures les témoins qui se…