Le livre numérique, je n’y crois pas !

Non, rassurez-vous, nous n’avons pas retourné notre veste du jour au lendemain. Mais au fil de nos recherches, nous tombons parfois sur des morceaux d’anthologie. Celui-là vaut vraiment la peine. Lisez ce qui suit mais surtout prenez cinq petites minutes de votre temps pour regarder cette vidéo. Surtout, notez la lassitude de l’assistance blasée lors de l’énoncé de l’exposé qui est loin d’être inintéressant, ceci étant écrit.

Alain Gérardin est le fondateur d’une petite maison d’édition Les Oiseaux de Papier qui existe depuis un peu plus de quatre ans avec un catalogue d’une quarantaine de titres. Comme il se décrit lui-même, « je suis un ancien financier parisien reconverti en écrivain et en éditeur breton ». Les présentations étant faites, le petit éditeur-ex-financier-parisien-breton a été invité à débattre sur le sujet du livre numérique en participant à une table ronde avec des Messieurs en costume gris censés réfléchir sur l’avenir du livre: vaste, vaste et trés vaste, et aussi trés à la mode question. Les Messieurs en costume gris ont été polis, ils sont pris tout de même la peine d’écouter le Monsieur en costume gris aussi qui dit: « le livre est devenu, comme beaucoup de choses, un kleenex, dans une société qui l’est également, qui aisément prend et jette« . Bon, à ce sujet, il n’a pas vraiment tort. Le courageux petit éditeur breton est inquiet : « on associe aujourd’hui les deux termes comme une évidence, livre et numérique, moi je voudrais les dissocier. Je vous parle donc du livre et de la crise du livre qui est tout à la fois structurelle et conjoncturelle (…) Quant au numérique, est-ce une vraie réponse à un vrai besoin? Qu’elle est sa réelle utilité? N’est-il un échappatoire pour répondre justement au problème du livre papier? Est-il vraiment intéressant de se promener avec une liseuse qui contient 500, 1000 livres? Pourquoi pas, mais alors dans ce cas-là, la liseuse est un bon produit de stockage?« 

Alain Gérardin affirme rencontrer beaucoup de lecteurs « qui sont viscéralement attachés au livre papier qui est devenu un compagnon que l’on invite dans son intimité (nous aussi nos liseuses, nous avons pris l’habitude de les inviter dans notre intimité), que l’on expose dans sa bibliothèque ». Pour lui, c’est un évidence, « le livre papier a de beaux jours devant lui, le livre numérique, je n’y crois pas. Je ne pense pas que le livre numérique puisse se substituer au livre papier. Par contre, je crois que les technologies modernes peuvent s’associer au livre papier en complémentarité« .

Voilà, l’essentiel est dit. Nous ne partageons pas ce propos mais il est intéressant de voir comment, les éditeurs manquent parfois de vision et ne se soucient guère des nouvelles générations qui sont nées avec un écran entre les mains et pour qui l’attachement viscéral au papier deviendra un mythe et non une réalité. Ce futur n’est pas si loin. Nous, on y croit au livre numérique mais surtout au livre tout court, à ceux qui les écrivent et à ceux qui les publient, quelque soit le support.

>> Voir la vidéo au complet sur notre vidéo blog