Magazine Culture
Two missing boys ...
« Ses Morts possédaient maintenant quelque chose qui était irrévocablement à eux, et il aimait penser qu'ils pourraient parfois devenir les Morts des autres, tout comme les Morts des autres pourraient être invoqués dans le cadre du rituel qu'il avait créé. Tous ceux qui s'agenouilleraient sur le tapis qu'il avait fait étendre participeraient à l'esprit de son culte. Chacune de ces lumières avait pour lui un nom, et de temps à autre s'allumait une nouvelle flamme. Sa croyance essentielle était qu'il y aurait toujours place pour Eux tous. Les fidèles qui passaient ou s'arrêtaient ne voyaient là que le plus resplendissant des autels, soudain ranimé, devant lequel un homme d'un certain âge, visiblement fasciné, se tenait souvent assis, plongé dans une rêverie ou un demi-sommeil. Mais une part du bonheur que ce lieu procurait à cet adorateur mystérieux et fantasque venait de ce qu'il y retrouvait les années de sa vie écoulée, les liens, les affections, les luttes, les échecs, les conquêtes... »
(Henry James, L'Autel des morts)