À partir de septembre prochain, Quick ne sera plus connu uniquement pour ses franchises halal mais également pour son hamburger bio. Une démarche qui montre que la marque n'a rien, mais absolument rien, compris.
Le hamburger bio (hormis l'eau ayant servi à la réalisation du pain et du ketchup
comme le précise le communiqué copié-collé partout) aura une forme carrée (ouah !), histoire d'être différencié de ses congénères pas bio. Car il ne faut pas croire que Quick écologise ou biologise l'ensemble de sa carte et de ses produit, même si en plus du burger disponible dans quelques mois, 2 produits (un jus de pomme en briquette avec paille plastique et un yaourt nature sucré, les 2 labellisés AB) seront insérés dans des menus.
À mon sens Quick se plante : il considère le bio comme un marché de niche. Sans doute pensent-ils que le yuppie bobo des centre-villes sera content d'aller manger son hamburger bio alors que le reste continuera d'être de la viande vache nourrie aux farines granulées avec du pain mou, des tomates issus de l'esclavage andalous et une salade sans soleil.
Il aurait été à mon avis plus sain que Quick décide d'arrêter les tomates en hiver dans un premier temps, afin d'entrer dans une démarche de mise en cohérence de la totalité de la carte, sans non plus en faire des caisses. Ce que n'a sans doute pas compris Quick ou l'agence qui le conseille, c'est qu'il est indispensable de se la jouer humble avec ce genre de concept. Ils n'ont sans doute pas remarqué qu'insister sur le caractère bio et "sain" du hamburger carré va mettre l'accent sur les défauts du reste de la carte.
On pourrait en revanche comprendre que l'entreprise et ses franchisés cherche à améliorer ça. Chacun a le droit d'évoluer, dans ses pensées comme ses pratiques. Mais balancer un hamburger-alibi sans réflexion globale, c'est inutile. C'est même tendre le bâton pour se faire battre, c'est-à-dire se faire accuser de greenwashing. Je suis prêt à parier assez gros sur une campagne de pub (ou au moins de communication) sans modestie aucune en septembre, pour le lancement de ce hamburger. L'inverse de ce qu'il faudrait faire. Ça fera rire et pleurer les écolos et buzzer aux 20 heures. Tip cool. Sauf qu'on final on crée une niche "écolo" comme on a créé une niche "islamo"[1].
Le modèle alimentaire de Quick, comme de tout le fast-food, n'est pas sain à la base : beaucoup trop de déchets, trop de viande, des plats stéréotypés identiques toute l'année, sans oublier les graisses et les conditions de travail. En somme, tous les défauts de la restauration, mais exacerbés. Quick n'est pas le seul à devoir améliorer ses pratiques, loin de là (de Mac Donald's à Pizza Hut, la liste est longue) mais comme les marques qui communique sur les 30 % d'ingrédients issus du commerce équitable
, il met la lumière sur le reste et ce n'est pas reluisant.
Hé oui, le changement global n'est pas simple, mais il est indispensable ou à tout le moins souhaitable. C'est parce qu'il doit être mené à bien qu'il faut le considérer comme une démarche, pour y aller pas à pas, avec des actions cohérente avec le discours. Aujourd'hui la tomate, demain la salade, puis la diminution de la teneur en sel, l'arrêt des additifs, l'aide au passage en bio pour les fournisseurs de pommes de terre, la localisation des fournisseurs, un meilleur traitement des salariés avec l'arrêt de la précarité généralisée... Je rêve tout haut, pardonnez-moi.
Sources (copiés-collés du communiqué, sauf pour Terra Eco) :
- Terra Eco,
- Développement durable.com et BioAddict, sans aucun recul sur la question, ce qui est gênant avec des titres comme les leur,
- l'Observatoire de la franchise.
Notes
[1] Le "o", c'est pour la rime.