Le Congrès se penche sur la question de la santé des océans comme en témoigne les récentes auditions tenues au Sénat dans ce domaine.
En effet, l’audition du 22 Avril portant sur l’acidification de l’océan ainsi que celle du 11 Mai visant à explorer le rôle de l’EPA (Agence fédérale pour la Protection de l’Environnement) concernant la protection des milieux marins soulignent la volonté de la part de l’organe législatif de mettre en place des mécanismes réglementaires de lutte contre la dégradation des écosystèmes marins et des activités économiques en découlant (pèche, tourisme…). Alors que de grandes quantités de dispersants [1] sont actuellement déversées dans le Golfe du Mexique afin de résorber la marée noire, des questions émergent quant aux effets à termes de ces produits chimiques et de leurs interactions avec l’environnement.
Si l’audition d’avril, tenue le jour du quarantième anniversaire de la Terre et correspondant à la prépublication d’un rapport de la NRC (« National Research Council ») portant sur l’élaboration d’une stratégie nationale pour faire face à l’acidification de l’océan, avait pour principal objectif d’examiner les répercussions économiques de l’acidification de l’océan, l’audition de cette semaine visait à préciser le rôle de l’EPA quant à la protection des océans dans leur ensemble. Deux thèmes ont ainsi été abordés : l’acidification des milieux marins ainsi que leurs niveaux de pollution.
© Jupiter Image Corporation Les océans, qui absorbent des quantités croissantes de CO2, deviennent légèrement plus acides.
Donnant la parole aux experts de l’EPA ainsi qu’à un certain nombre de chercheurs et représentants de grands groupes internationaux impliqués dans la protection des océans tel que OCEANA, cette audition a présenté un état des lieux des connaissances sur le niveau de pollution des océans ainsi qu’un tableau des risques attendus en terme de répercussions sur les écosystèmes marins et la santé humaine. Si l’acidification de l’océan présente une réelle menace à long terme pour les organismes marins (1), les mesures actuelles de polluants dans les cétacés mettent en évidence la présence de nombreux produits chimiques dans les océans et la nécessité d’agir en parallèle sur la réglementation des rejets toxiques.
Ce constat est d’autant plus inquiétant que certaines de ces substances sont bioaccumulables et cancérigènes pour l’homme (PCB, Pesticides, PBTs). Les témoins de l’audition ont de plus rappelé les incertitudes présentes quant à la toxicité résultant d’interactions entre différents polluants de faible concentration.
Conscient du défi environnemental que représente l’acidification des océans, le Congrès s’était prononcé en faveur du FORAM Act (Federal Ocean Acidification Research and Monitoring Act) l’année dernière. Cette loi visait à allouer des fonds spécifiques pour la recherche dans ce domaine. Sous cette législation, la NOAA (« National Oceanic and Atmospheric Administration ») et la NSF (« National Science Foundation ») devrait percevoir annuellement une enveloppe comprise entre 20 millions de dollars pour 2010 et 35 millions pour 2012. Interrogée sur le budget de l’agence consacré à cette thématique lors de l’audition, l’EPA a déclaré avoir dépensé près de 2 millions de dollars au cours de l’année dernière. Ce montant devrait cependant augmenter dans les années à venir.
Afin de répondre aux préoccupations grandissantes de la part des scientifiques et politiques américains, un programme de recherche inter-agences (incluant des organismes fédéraux tels que la NOAA, l’EPA, la NASA, l’USGS) a été mis en place en ce début d’année. Avec pour objectif de récolter suffisamment de données sur la compréhension des mécanismes impliqués dans l’acidification des océans, ce programme vise de plus à éclairer l’EPA sur les mécanismes réglementaires à mettre en place dans ce domaine.
Si l’agence dispose actuellement de lois telles que le « Clean Water Act » (loi sur l’eau) ou le « Clean Air Act » (loi sur la réglementation des polluants atmosphériques), les sénateurs Cardin (D, Maryland) et Whitehouse (D, Rhode Island) se sont prononcés contre une utilisation de ces législations, inadéquates face à une telle problématique. En effet, le « Clean Water Act » n’ayant juridiction que sur les zones côtières et ne pouvant s’appliquer aux zones océaniques, l’EPA devrait alors faire appel au « Clean Air Act » afin de réguler la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone, à l’origine de l’augmentation d’acide carbonique dans les couches superficielles de l’océan [2].
Concernant la régulation des produits chimiques présents dans les océans, les sénateurs ont souligné la nécessité d’établir un traité international. Si les Etats-Unis ont un rôle à jouer dans la portée de ce message à l’échelle internationale, ceux-ci doivent dans un premier temps coordonner leurs efforts au sein du pays. De plus amples recherches doivent ainsi être menées afin de déterminer plus précisément le niveau de connaissance des concentrations de polluants actuellement présentes dans les océans. En effet, peu d’informations sont actuellement connues sur la toxicité de groupe de polluants ainsi que leurs interactions avec des variables environnementales (telles qu’une augmentation de la température).
Dans ce contexte, l’audition a par ailleurs abordé les conséquences de l’utilisation en grandes quantités de dispersants dans le Golfe du Mexique [3]. L’EPA a ainsi rappelé qu’il s’agit avant tout d’un compromis environnemental, à savoir minimiser les impacts environnementaux de la nappe de pétrole. De potentielles répercussions à long terme sont cependant à prévoir. Interrogée sur le temps de résidence et le devenir de ces produits chimiques dans l’océan, la chercheuse C. Mitchelmore a rappelé le manque de données dans ce domaine.
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[1] « Produit liquide utilisé pour mettre le pétrole en suspension dans la masse d’eau et aider à sa dissémination, afin d’en accélérer la dégradation par le milieu naturel : en mer ou en eau douce » (http://www.marees-noires.com/fr/outils/lexique.php).
Ocean acidification: Senate hearing, National Academies report call attention to growing concerns – 27/04/2010 – ClimateScienceWatch
Rédacteur : Agathe Dumas, [email protected]
Origine : BE Etats-Unis numéro 207 (14/05/2010) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
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