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Quel gouvernement pour Israël ?

Publié le 28 mars 2009 par Alainhdv

La vie politique est généralement mouvementée en Israël, mais depuis quelques décennies, elle intéresse toute la région et le monde entier. C’est ainsi que le résultat des dernières élections législatives ne laisse pas d’inquiéter.
Appelé par le président Perez pour former le prochain gouvernement, bien qu’il ne fut placé qu’en seconde position à quelques voix derrière Tzipi Livni du parti Kadima, Benjamin Netanyahou, chef du parti conservateur le Likoud, tente une délicate opération, qui ressemble à la quadrature du cercle. Son parti n’ayant obtenu qu’une majorité extrêmement relative, il se trouve, comme souvent dans l’incapacité de gouverner seul. Selon l’air du temps et les promesses de campagne sur un ton hautement sécuritaire, le Likoud s’est d’abord associé au parti d’extrême droite Israël Beitenou, dirigé par l’inquiétant Avigdor Lieberman, avant de s’ouvrir au parti religieux ultra orthodoxe du Shass. Si le choix politique est clair dans un probable raidissement vis à vis des Palestiniens de Cisjordanie et plus encore du Hamas, qui tient la bande de Gaza, cela ne forme pas encore une majorité suffisamment solide.
Le mariage de la carpe et du lapin
Achoppant sur plusieurs points fondamentaux, qui règlent les rapports et le nombre de ministères dévolus à l’extrême droite, les négociations ont échoué avec l’ancienne ministre des Affaires Étrangères Tzipi Livni. De ce fait, Benjamin Netanyahou se tourne vers son vieil adversaire (et complice) du parti travailliste avec lequel il partage alternativement le pouvoir depuis soixante ans. Par la voix de son chef, Ehoud Barak, qui est toujours ministre de la Défense, ce dernier accepte d’entrer dans une étonnante coalition gouvernementale, malgré de nombreux avis défavorables au sein même du parti.
Sortant de la désastreuse guerre éclair de Gaza, qui au lieu de briser le Hamas, l’a renforcé en lui offrant même une stature internationale, Ehoud Barak est très affaibli. Il doit même faire face à de fortes contestations au sein de sa puissante armée Tsahal, qui ne veut plus assumer seule le « sale boulot ».
Cela oblige le futur Premier ministre à réaliser un grand écart politique difficilement tenable avec une majorité de 66 députés sur 120, grâce aux 27 sièges de son parti Likoud, aux 15 sièges d’Israël Beitenou, aux 13 sièges du Parti travailliste et aux 11 du parti ultra orthodoxe Shass. Une telle coalition contre nature dans laquelle « le lion dort avec l’agneau », risque de rendre le pays ingouvernable. C’est souvent le cas dans cette jeune démocratie, mais il y a toutes les chances que les séances à la Knesset soient particulièrement animées.
Comment pourront s’accorder des opinions aussi différentes au sein d’une même coalition sur des sujets brûlants comme l’implantation de nouvelles colonies de peuplement en Cisjordanie ou leur évacuation ou encore la relance d’un processus de paix avec les Palestiniens ?
Le sens de l’histoire
Le gouvernement Netanyahou n’est pas encore formé qu’il paraît hautement improbable. Avec des éléments aussi extrêmes, la configuration de la coalition semble sonner le glas de tout nouveau processus de paix avec les Palestiniens, alors que partout ailleurs, les conditions sembleraient réunies pour reprendre de véritables négociations et aboutir enfin à l’inévitable création d’un état palestinien. Cela se fera de toute façon, reste à savoir quand.
L’aveuglement des ultras et les rodomontades des va-t-en guerre de tous poils ne pourront pas grand chose contre la marche de l’histoire. Et le gouvernement quel qu’il soit sera bien obligé de se plier à la volonté de l’Amérique de Barak Obama lorsque ce dernier imposera de nouvelles négociations, ainsi qu’un accord de paix et la création d’un état palestinien. Israël ne pourra résister longtemps à la volonté de son puissant et seul réel soutien dans le monde.
Sur cette terre de paradoxe, ce ne serait pas la première fois que l’histoire se ferait malgré les convictions profondes des hommes politiques aux affaires. Souvenons-nous seulement de Menahem Begin, chef fondateur du Likoud et Premier ministre en 1975. Deux ans après la guerre du Kippour, il n’était pas destiné à faire la paix avec l’Égypte d’Anouar el Sadate. Et pourtant, cela fut ! De même, Itzhak Rabin n’était pas arrivé au pouvoir pour ratifier les accords d’Oslo. Non seulement, il s’y engagea profondément, mais il le paya de sa vie. Qui eut crû qu’Ariel Sharon, le bouillant général de la première guerre du Liban en 1982, évacuerait Gaza ? Il y laissa sa santé après avoir créé le parti Kadima en 2005.
Depuis des millénaires, ce territoire très convoité exacerbe toujours les passions, les violences et les drames, mais rien ne s’y passe jamais comme on pourrait l’attendre.


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