Tu sais, non, tu ne le sais pas, que c'est le soir que les parents pleurent parfois ?
Ils esquissent alors des gestes lents et versent des larmes sèches
Ils miment des scènes invisibles et font feu de tout bois.
Ils se rêvaient fusée, tu sais, ils se pensent avion, et s'émeuvent d'être calèche.
C'est avec le couchant que les parents parfois soupirent
Les paupières des enfants sont parties arpenter d'intimes terrains vagues
Ils voguent en d'autres terres, ils chevauchent de nouvelles prairies,
Les parents peuvent alors imaginer demain en regardant la bague
Les parents peuvent alors revoir le jour qui se fait étranger.
Tu sais, petit, non sûrement ne le sais-tu pas et c'est tant mieux
Que c'est la nuit que les parents pleurent parfois ?
Ils rident le jour qui n'a pas ressemblé à des rêves en sapin,
Non de ces sapins qui s'enguirlandent mais de ceux qui lâche l'aiguille.
Ils ont bataillé dans la forêt, hissé des fougères, fait de leur mieux.
Maintenant, à l'heure où les étoiles dansent avec l'immense,
Ils sont devant un verre, un écran, un livre, ils trouvent à oublier, se font vieux.
D'un air lâche ils scrutent l'indélébile, traquent l'indicible,
Essuient des larmes transformées en bile
Sous leurs paupières d'étranges ravages et d'intimes terrains vagues.
Et jaillir de tout cela.