De Roger Grenier,
éd. Gallimard, 202 p.
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Roger Grenier nous livre ses instantanés d'amis. L'instané est en photographie le contraire de la pose, écrit Grenier en préambule. Les auteurs qu'il a connus sont représentés en mouvement, ce sont des images de vie que nous donne à voir l'écrivain, de tous ses amis morts.
Son écriture ressuscite ainsi les gisants sacrés de cette exceptionnelle littérature du XXème siècle. Parmi ses souvenirs il nous raconte sa rencontre avec Camus en 1944 après la Libération de Paris. Ensemble ils participent à la rédaction du journal Combat, Grenier se rappelle de la ferveur qui animait ce journal autour de ses personnalités, Pia et Camus. Il nous parle aussi pêle-mêle d' Hemingway qui venait fêter la feria de la San Fermin à Pampelune, de son interview à Laval de Ionesco, un véritable « happening », de Prévert, éminent dignitaire du collège de Pataphysique ou encore des circonstances qui lui ont permis de rassembler, pour les éditions Gallimard, les oeuvres complètes de Panaït Istrati. Ces portraits sont des morceaux de vie, une galerie d'images vivantes, truculentes qui nous projettent dans une formidable exposition d'artistes et l'on se régale de ces anecdotes inédites, souvent drôles, parfois graves qui animent des plumes désormais mythiques. Ces instantanés se regardent définitivement comme un bel album de familles que l'on s'amuserait à feuilleter régulièrement et par petits bouts comme pour mieux les savourer.