Lynch vs Dior ou Lynch x Dior ?

Par Christianpoulot @lemodalogue

Postulat de départ : le sac Lady Dior est un produit de luxe (à vérifier).

Tout comme d’autres maisons de luxe l’ont fait en ce début d’année, la maison Dior a mis le cap sur Shanghaï, nouvelle capitale du luxe. Marion Cotillard, l’interprète principale de ce troisième opus de la saga Lady Dior est cette fois-ci dirigée par l’immense David Lynch.

Pour Lady Noire, beaucoup d’internautes s’étaient plaint du fait que la fin de l’histoire laissait le spectateur dans l’expectative. Qu’en sera-t-il d’un web-movie de plus de 15 mn réalisé par l’hermétique David Lynch ?

Invoquer le réalisateur de Inland Empire (!) pour faire la promotion du Lady Dior relève-t-il d’un pari artistique et de communication fou et/ou d’un désir évident de distanciation ?

Lynch x Lady Dior :  alibi artistique ?


Non, quand on sait que luxe, art et culture ont toujours fait bon ménage, ils sont tous des émetteurs de goût. David Lynch est un réalisateur unique en son genre, le Lady Dior est donc, par conséquent (?), un produit unique en son genre.

Oui, si l’on considère que le Lady Dior n’a pas une aura fantasmatique à la hauteur de l’univers lynchien. Le Lady Dior n’a pas l’image d’un sac Kelly ou d’une montre Vacheron Constantin (cf postulat de départ).

Lynch x Lady Dior :  désir de distanciation ?


Oui, car pour apprécier l’univers de David Lynch il faut un certain apprentissage, un rite de passage que l’on retrouve souvent dans ses films. Souvent symbolisé par un objet (cf. la boîte bleue dans Mulholland Drive, l’oreille coupée dans Blue Velvet), ce rite est ici signifié par le sac Lady Dior. Le sac permet le passage entre deux mondes (réel et fantasmé), mais est aussi pour le consommateur vecteur d’ascension culturelle, sociale, etc.

Oui, car "Il faut donc un bagage culturel pour apprécier le luxe" (1) et il faut "exclure les non-adeptes" (1), et qui mieux qu’un réalisateur comme David Lynch peut réaliser cela ?

Non, car presque toutes les images, les couleurs saturées sont appréciables par tout un chacun. Marion Cotillard est une actrice proche du public et rend accessible cet univers. Les effets de la caméra Hi-Speed me rappellent la mythique scène de poursuite de Chunking Express de Wong Kar Wai et sont appréciables pour leur rendu esthétique.

Lynch vs Dior ou Lynch x Dior ?


Une marque de luxe n’a pas nécessairement besoin d’une star du show business pour promouvoir son univers. David Lynch risque-t-il d’occulter l’aura de Dior ? Que retiendra-t-on de tout ça ? On attend avec impatience le quatrième et dernier opus de cette saga.

Le projet est ambitieux et s’exposera forcément à la critique, on est pas dans une simple « pub », on ne vend pas un produit mais décrit un univers de marque (une démarche inhérente à toute marque de luxe).

(1) Luxe oblige, Vincent Bastien et Jean-Noël Kapferer