Nocturne
Qui vient frapper aux voûtes du sommeil ?
Qui se dévêt des robes de la terre ?
Quelle tiédeur se glisse sur ma chair,
Cherchant ma bouche, effaçant mon visage?
Et quel silence assaille mon vertige?
Pourquoi la neige? A quelle ensevelie
Cette main captive aux pièges du lit,
Qui se dérobe et fuit au chant du coq?
Etait-ce toi? Je n’ai pas reconnu
Ton pas, ton souffle et ta bouche peureuse.
Voici le jour et cette visiteuse
Invisible emplit la chambre fermée,
Cette dormeuse immense qui m’occupe,
Use mon temps et tourmente ma voile:
Ciel interdit dont tu n’es qu’une étoile,
Mer soulevée où ta vague se perd.
(Jean Joubert)