Cette
rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus
par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et
les présentations font souvent appel aux informations fournies par les
éditeurs.
°Alejandra Pizarnik, Journaux 1959-1971,
José Corti
°Julio Cortázar, Crépuscule d’automne,
José Corti
°Jean-Jacques Viton, selected sueurs,
P.O.L.
°Franck André Jamme, Au secret,
Isabelle Sauvage
°Valério Magrelli, Ora serrata retinae,
Cheyne
°Marie Cosnay, La Langue maternelle,
Cheyne
°Monique Thomassettie, L’Aïeule montagne
et l’enfance de la vallée, M.E.O.
° Lana Derkač, Qui a mis en rang les
gratte-ciels ?, M.E.O.
°Pétronille Danchin et Dimitra Nikopoulou, Lewis
Carroll, l’œil du magicien, Éditions A Dos d’âne
°Dany Moreuil, Opulences, L’Arbre à
Paroles
Notices détaillées de chacun de ces livres en cliquant sur
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•Alejandra Pizarnik
Journaux 1959-1971
Édition établie et présentée par Silvia Baron Supervielle. Traduction de
l’espagnol (Argentine) par Anne Picard.
coll. Ibériques, José Corti, 2010
22 € - sur
le site de l’éditeur
Depuis les années 50 jusqu’à son suicide, en 1972, Alejandra Pizarnik n’a eu de
cesse de se forger une voix propre. Conjointement à ses écrits en prose et à
ses poèmes, le journal intime qu’elle tient de 1954 à 1972 participe de cette
quête. Une voix creuse, se creuse, avant de disparaître : « Ne pas
oublier de se suicider. Ou trouver au moins une manière de se défaire du je,
une manière de ne pas souffrir. De ne pas sentir. De ne pas sentir
surtout » note-t-elle le 30 novembre 1962.
Le journal d’Alejandra Pizarnik se présente comme une chronique des jours
hybride, qui offre à son auteur une sorte de laboratoire poétique, un lieu où
s’exprime une multiplicité de « je », à travers un jeu spéculaire. Au
fil des remarques d’A. Pizarnik sur sa création, sur ses lectures, de ses
observations au prisme des journaux d’autres écrivains (Woolf, Mansfield,
Kafka, Pavese, Green, etc.), une réflexion métalittéraire s’élabore, lui
permettant un examen de ses propres mécanismes et procédés d’écriture.
Le journal est aussi pour Alejandra Pizarnik une manière de pallier sa solitude
et ses angoisses : il a indéniablement une fonction
thérapeutique. « Écrire c’est donner un sens à la souffrance »
note-t-elle en 1971. Alejandra Pizarnik utilise ainsi ses cahiers comme procédé
analytique, refuge contre la stérilité poétique, laboratoire des perceptions,
catalyseur des désirs ou exutoire à ses obsessions. Les Journaux sont toutefois moins une confession ou un récit de soi
qu’un ancrage mémoriel, une matière d’essayer de se rattacher au réel par des
détails infimes et de se rappeler qui l’on est. (Dos du livre)
•Julio Cortázar
Crépuscule d’automne
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Silvia Baron Supervielle
coll. Ibériques, José Corti, 2010
22 €
« Je ne sais pas ce qui rend un livre inoubliable mais je sais que, depuis
que je découvris Salvo el crepúsculo, dans
la première édition mexicaine, je n’ai jamais pu l’oublier. C’était en 1984,
année de la mort de Cortázar. Une nouvelle édition est sortie récemment aux
éditions Alfaguara, elle inclut de légères retouches faites par l’auteur sur
des épreuves retrouvées. Mais il n’a rien supprimé, ni changé, ni désavoué de cet
ensemble de textes d’époques diverses de sa vie, choisis et spécialement réunis
par ses soins.
De quelle manière ce livre est arrivé entre mes mains, je ne saurais le dire.
J’en suis tombée amoureuse et ensuite il s’est de lui-même enraciné dans mon
souvenir. Car peu de temps après, je me suis mise sans succès à le chercher sur
mes étagères. Depuis lors, à intervalles réguliers, je n’ai pas cessé d’essayer
de le retrouver en vain. Il me semblait impossible de l’avoir perdu ou prêté à
quelqu’un ; il avait disparu et je ne me consolais pas. Il m’était cher,
il enfermait une signification particulière, une musique, une indépendance, une
nostalgie qui trouvaient en moi une résonance pleine.
Après qu’il eut publié Rayuela (Marelle) en Argentine, Cortázar adressa
une lettre à son ami Fredi Guthman, où il dit : "Maintenant les
philologues, les rhétoriciens, les versés en classifications et en expertises
se déchaîneront, mais nous sommes de l’autre côté, dans ce territoire libre et
sauvage et délicat où la poésie est possible et arrive jusqu’à nous comme une
flèche d’abeilles....".
(Silvia Baron Supervielle, dos du livre)
•Jean-Jacques Viton
selected sueurs
P.O.L., 2010
16,50 €
Le titre initial de ce livre était VRAC. Qu'est-ce qu'un vrac ? Sa
définition varie de « harengs mal lavés » à « désordre ».
Dans cet intervalle apparaît tout le reste, lui-même en vrac. Un choix s'est
donc établi sur le plateau de ce premier titre à partir d'un ensemble de
situations soulignant des événements particuliers dans les domaines du social,
de l'affectif, du sport, de la misère, des affrontements. Ce nouveau dépôt a
fait surgir à son tour des signes indiquant une orientation à l'intérieur de laquelle
le désir, le combat, le pari, l'habileté, le courage, l'obstination devenaient
les clefs des signes retenus. Il en résulte ces couloirs d'expositions où les
comportements s'affichent, chacun dans sa propre transpiration vitale.
La partie I, Attraction (le présent
est un endroit dangereux) et la partie III, Tumulte
(il se prépare quelque chose j'ignore quoi) fonctionnent dans leur démarche
diamétralement opposée, la partie II (et puis les choses s'ajoutent...) comprend
neuf cadres d'expositions précédés de neuf images, sans aucune volonté
d'illustration, indiquant par là même que chaque sueur appartient à un damier
insondable. (Dos du livre)
•Franck André Jamme
au secret
Dessins de Jan Voss
Éditions Isabelle Sauvage
17 €
les très délectables
élégances
de la mémoire
les pensées devant lesquelles
se dresse tout à coup
une immense pensée
les êtres
qui se mettent à rêver
sur la route
et peu à peu
c’est le chemin
lui-même
qui se mue
en leur songe
(2)
•Valerio Magrelli
Ora serrata retinae
Traduit de l’italien et préfacé par Jean-Yves Masson
édition bilingue
coll. d’une Voix l’autre, Cheyne Éditeur
20,50 €
« La poésie de Valerio Magrelli est un soliloque écrit au crayon dans un
carnet aux heures les plus hautes et silencieuses de la nuit. Une poésie aussi limpide
que de l’eau dans un verre et non moins vertigineuse : en sa clarté les
regards se noient. Une poésie où la pensée se regarde penser et, après avoir
été pensée, s’évanouit. » (Octavio Paz)
« Les poèmes de Valerio Magrelli ressemblent aux natures mortes de
Morandi : elles ne sont pas les choses qu’on y voit bien que ces choses soient
indispensables au surgissement de la clarté qui nous unit à elles. Ce surgissement
réalise en nous l’ouverture dont nous voyons l’entrée dans la toile. Lire, tout
à coup, n’est plus un mouvement sur la page, c’est l’incorporation de ce qui
fait signe au milieu de nous. » (Bernard Noël)
« On ne peut pas ne pas lire Magrelli. » (Federico Fellini)
Pour parler, je préfère venir
du silence. Préparer la parole
avec soin pour qu’elle aborde à sa rive
en glissant, tout bas, comme une barque
cependant que le sillage de la pensée
en dessine la courbe.
(dos du livre)
•Marie Cosnay
La Langue maternelle
Coll. Grands Fonds, Cheyne Éditeur, 2010
15 €
Marie Cosnay explore à nouveau l'histoire secrète et violente d'une famille :
une fille se heurte à une loi paternelle venue du fond des âges, et dont les
ordres, les interdits, les condamnations, s'expriment brutalement dans une
langue et des gestes frustes. C'est cette fille qui parle ici. Elle reprend en
boucle les données de son drame, dans une écriture poétique qui halète, qui dit
les haines, les désirs et les échecs, mais aussi l'amour du monde, de la terre
pyrénéenne, la soif de liberté, la terreur d'être à jamais privée d'amour. Plus
que tout, la passion de l'héroïne, celle de l'écrivain Marie Cosnay, c'est
d'inventer une langue qui témoignerait de son être intime, "langue
maternelle", au plus près du corps, et capable, comme le rêve la dernière
partie du livre, de sauver de l'effondrement les acteurs de cette histoire.
(Jean-Pierre Siméon, dos du livre)
•Monique Thomassettie
L’Aïeule montagne et l’enfance de la
vallée
Poème accompagné de vingt et un dessins
M.E.O., 2010
12 €
Dans ces poèmes se mêlent rêve, vision, réflexion, méditation et expérience
tant sensorielle que mystique de la montagne. Celle-ci et la nature en général
sont également exprimées par 21 dessins, les uns croqués sur le vif, les autres
imaginaires.
Une ère va
vers l’aïeule montagne
L’ascension étire
les drapés des manteaux
Les tissus en prennent
un plissement de roche
Attention !
Point d’arrêt prolongé
sous peine de se figer
Mal ou bien,
il s’agit d’aller !
(d’après le site
Rezolibre)
•Lana Derkač
Qui a mis en rang les gratte-ciels
et autres poèmes
Traduit du croate par Tomislav Dretar et Gérard Adam
Éditions M.E.O., 2010
14 €
Derrière une apparence ludique, un non-sens provocateur, ces poèmes cachent une
méditation sur la solitude de l’être, l’incommunicabilité, l’indifférence.
Détourné de son sens, l’acte quotidien le plus banal ouvre à des interrogations
angoissantes.
Traduit en français, le dernier recueil d'un des auteurs phares de la nouvelle
poésie croate.
Lana Derkač, née à Požega (Croatie) en 1969, a publié une dizaine de recueils
de poèmes, deux recueils de textes brefs ainsi qu’une pièce de théâtre. Elle
est l’auteur de deux anthologies de poésie, l’une en collaboration avec
l’écrivain croate Davor Šalat, l’autre avec le poète indien Thachom Poyil
Rajeevan. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires dans son pays, figure dans
la plupart des anthologies croates et a été l’hôte de nombreux festivals de
poésie, en Croatie comme à l’étranger. De ses poèmes ont été traduits dans une
quinzaine de langues et publiés en revues ou en recueils collectifs.
(d’après le site
Rézolibre, où on peut lire quelques poèmes)
•Pétronille Danchin et Dimitra Nikolopoulou
Lewis Carroll, l’œil du magicien
Éditions à dos d’âne – site de
l’éditeur
7 €
Pour présenter une nouvelles maison d’édition et une collection de livres créés
pour faire « découvrir les femmes et les hommes qui ont changé le
monde » aux 7-12 ans. On trouve dans la même collection des titres
consacrés à François Truffaut, Théodore Monod, Miriam Makeba, Karen Blixen,
Isadora Duncan.
•Dany Moreuil
Opulences
L’Arbre à paroles, 2010
12 €
Après avoir écrit Le jardin des lenteurs,
Dany Moreuil qui a choisi de vivre en Aquitaine, nous convie à ses Opulences : « Ici, aucune note
explicative sur le chic de l’univers.» Avec elle, «Une colline, là-bas, expose
les œuvres d’érosion », « Aujourd’hui, le temps postillonne », « Dans
l’anfractuosité, une abeille badine avec l’obscur », « Les couleurs
tombent de l’arbre et peignent le terrain », « à perte de vue, les
oiseaux déclinent des histoires de concordance de cœur », « La
nostalgie fait son travail de labour, et le quotidien grimace »… : des mots
en somme très ordinaires mais que transfigure l’alchimie d’une écriture qui les
assemble pour leur faire dire davantage parce qu’elle « ose la langue du
corps ». Alors que « L’ambition, l’arrogance de la finance pavoisent
à l’avant-scène du monde », « Il suffit de s’incliner un peu pour
ausculter les éboulis ».
Après quelques années d’enseignement de la philosophie, Dany Moreuil exerce la
profession de chorégraphe à Paris, au sein de la compagnie écriture et Chorégraphie. Ses créations sont toujours en relation
avec l’écriture. Installée depuis six ans en Aquitaine, elle se consacre
essentiellement au travail littéraire. Elle écrit, bien sûr, et dans le cadre
de l’écriture vive, elle anime des ateliers et organise des évènements autour
de la poésie.
Publication de textes dans diverses revues : Les cahiers froissart, Pour la danse, Sépia, L’Arbre à paroles, Les
cahiers du détour, Les cahiers du sens, etc. (Dos du livre)