Dans Le49 — blog de musique indépendante
Karkwa / Les chemins de verre
Sortie: 30 mars 2010
Audiogram
Groupe inconnu il y a quelques années à peine, Karkwa est aujourd’hui à la musique québécoise ce que Radiohead est à la culture du pays d’Elizabeth, ou encore Arcade Fire au paysage musical du Canada anglais: un incontournable.
Moins agitée que celle de Malajube, moins moralisante que celle des Vulgaires Machins, plus ambitieuse que celle de Coeur de pirate, la musique de Karkwa occupe un créneau oublié au Québec. Avec les chemins de verre, lancé il y a plusieurs semaines déjà, la formation cimente cette place et confirme qu’elle a trouvé un filon qu’elle compte exploiter pour un quelque temps encore: du rock intelligent, folk, soigné et en français.
C’est sans surprise que l’on retrouve la maturité, la grandeur des albums précédents. Je n’invente rien ici, c’est bien connu. En 2006, après la sortie de Les tremblements s’immobilisent, c’est cette maturité qui m’a attiré, comme bien d’autres, vers la musique de Karkwa.
La première pièce, Le pyromane, donne le ton avec un build-up plus qu’agréable. L’acouphène suit, avec tout autant de gueule. Un bon début pour un album qui n’a rien à se reprocher, si ce n’est que deux ou trois chansons plus molles que l’on va vite oublier.
Irritant: la voix du chanteur est super…sauf quand il décide de s’aventurer dans un registre plus haut. Ca se gâte un peu dans Moi-léger et 28 jours: on se demande si ses cordes vocales n’ont pas élu domicile provisoirement dans son nez.
Les paroles sont un gros point fort de l’album. Comme à l’habitude, la poésie de Karkwa est incisive, le rythme est calibré avec brio. Au point de faire mentir ceux qui disent que le français se prête mal, voir pas, au rock. Je fais partie de ces gens. Ca fait du bien d’avoir tort de temps à autre.
Un album que l’on peut offrir à pas mal n’importe qui: un père amateur de rock alternatif, une copine mélomane à temps très partiel, un ami féru de beaux textes, une voisine en grand besoin d’éducation musicale. Karkwa reste une valeur sûre.
Publié dans Disques par le49 le mai 17, 2010