Je voulais t’écrire lorsque tu es arrivé. Sur cette terrasse. Je pensais être seule pour un moment. Tu semblais dormir paisiblement. L’as-tu pressenti ? Ton regard... lorsque tu es sorti et que tu m’as vu à cette table, ton stylo à la main. As-tu deviné ? Est-ce ce soleil d’été ? Le regard que tu as posé sur moi ! Ce regard là ! J'ai retrouvé cette lueur qui me manque tant ! Ce désir que j’y lis ! J’adore ! Cela faisait tellement longtemps ! Ta main qui prend la mienne et qui m’emmène dans la maison. Nos yeux qui ne se quittent plus. Dans ces moments là les tiens sont de feu, ocre, rouge… ils me brûlent. Je t’ai suivi. Je n’ai pas cherché à résister. Impossible. Ce désir qui me submerge.
J’avais pensé te dire. Est-ce nécessaire ? Faut-il tout dire ? Tant de gâchis, tant de blessures, de mots dits, qui font mal et de ceux qu’on tait et mais que l’autre devine… Tant de vide à la fois. Oserais-je t’avouer que je me suis laissée happer par d’autres regards, que cette envie de moi d’autres l’ont eue. J’ai tenté de résister au début, puis plus. Tu étais là, mais tu ne me voyais plus, tu ne me regardais plus. Eux, oui ! L’as-tu remarqué ? J’ai eu quelques temps le sourire aux lèvres, pensant avoir trouvé… quoi ? Je ne sais pas ce que j’espérais. C’est toi que j’aurais voulu retrouver…Notre complicité, l’union de nous deux. Ces histoires n’ont pas compté. Je ne m’y suis pas perdue. Elles m’ont juste permis de rester en vie, de rester femme. Ne pas sombrer. Rester désirable… pour d’autres que toi, c’est mieux que rien, non ? Mon corps avait besoin de vibrer, de sentir que dans les yeux d’un homme j’existais, encore. Mais il me manquait ton âme. Elle disparaissait. Nos distances, j’en suis sans doute en partie responsable. Le train-train quotidien. La routine. Métro-boulot-dodo… Je me suis échappée quelques instants. J’aurais voulu te le dire, avant. Te lancer un appel. Je pense l’avoir fait. L’as-tu vu ? Est-ce trop tard ? On dirait que non ! Suis-je redevenue désirable ou as-tu simplement peur que je t’échappe ? Peur qu’un autre me possède ? Certains ont essayés. Ils n’avaient aucune chance, je ne l’ai pas compris tout de suite. Malgré tout je suis là, ici, avec toi. Car ton âme est liée à la mienne. J’en ai besoin.
Ce matin, j’ai tant aimé tes regards posés sur moi. J’ai aimé y lire le désir quand tu m’as dit : « rentrons ! ». J’ai aimé ce moment et ceux qui ont suivis. Lequel de nous deux est différent ? C’était différent. Je ne veux pas gâcher ce moment. Cette renaissance entre nous. Je ne te dirai rien, jamais. Fais-en de même... car ce matin, j’ai aimé tes yeux. Même si j’y ai deviné que toi aussi tu as regardé d'autres horizons.
C'était ma participation aux 4e jeux d'écriture du Blog à 1000 mains.D'autres participations ici