Paul Bettany, acteur généralement inspiré et mondialement connu comme le veinard petit copain de Jennifer Connelly, prête ses traits figés au justicier renégat. De son interprétation, digne de celle de Matthias Hues dans Dark Angel, on ne retiendra qu'une impassibilité confinant à l'hébétude. Cette sobriété serait par ailleurs tout à son honneur si le jeu de ses partenaires était à l'avenant et permettait d'instiller un semblant de cohérence dans une succession de scènes aussi jouissivement nanardes qu'incompréhensibles.
Malheureusement, à l'abattement de Paul ne répond que l'hystérie de Dennis, Quaid le mal nommé. Celui-ci n'a plus l'étoffe d'un héros, il sait qu'il est sur le déclin, qu'il n'aura plus jamais le premier rôle et il cherche à tirer la couverture à lui, à attirer le feu des projecteurs. Tel un jeune candidat prépubère de la Nouvelle Star, il hurle quand il faudrait chuchoter, trépigne quand il faudrait rester calme, gémit quand il faudrait se taire. Bref, il en fait des tonnes... Il en fait tellement que les autres interprètes, subjugués par autant de talent et vraisemblablement abandonnés par leur réalisateur, ouvrent de grands yeux inquiets lorsqu'ils doivent lui donner la réplique. C'est drôle. Mais pas seulement.
En plus d'être une comédie fantastique, Légion est un film où vous verrez des poêles volées, des grands-mères goulues, des anges avec le gourdin. Même si le résultat est assez inégal, on ne s'ennuie pas et pour peu qu'on soit un peu éméché (ce qui n'est pas une condition pour apprécier le film à sa juste valeur... Un bon conseil cependant), on se marre très régulièrement. Un peu comme lorsqu'on écoute un discours de Frédéric Lefebvre.
Mon conseil: "- Pour qui prenez-vous cet homme ? Dieu ? - Non Dieu aurait pitié, lui non."Sentenza