Roman - 275 pages
Editions Les Allusifs - mai 2009
Une fois deux est un roman d'amour qu'Iris Hanika rend particulièrement intéressant par sa forme. Les dix jours de la romance singulière de Senta et Thomas sont scrutés à la loupe, disséqués, contés parfois seconde après seconde, en détaillant tout des intentions, des gestes, des pensées des deux protagonistes.Lorsque le regard de Senta croise celui de Thomas, dans ce café de Berlin, un jour d'été, c'est le coup de foudre. Tout va très vite, c'est si évident. La quarantaine chacun, ils ont passé l'âge des hésitations romantico-prépubères. Mais pour autant, ça cogite beaucoup chez la lacrymale Senta et chez Thomas, l'informaticien peu romantique. Des émois, des réflexions, des actes manqués.
Pour une histoire d'amour, c'est là un style sophistiqué très inhabituel à lire. La plume d'Iris Hanika est impressionnante. C'est réjouissant parce que c'est inattendu, c'est novateur, c'est ultra moderne, avec ce Berlin actuel en toile de fond. On est donc beaucoup dans l'intime, dans les pensées, les hésitations, les regrets éphémères. Et parfois, l'auteure nous permet de nous élever un peu au dessus de cette histoire et nous livre des chapitres de digression sur un métier, un fait social, un phénomène qu imérite plus amples explications. Elle se permet aussi très souvent de distiller des fragments musicaux au fil de l'histoire ou des pensées de nos deux tourtereaux.Une belle découverte dans la littérature contemporaine allemande.L'avis de Cuné - CunéipageExtrait :
"Il fallut l'intervention de forces supérieures pour que Thomas et Senta sortent de leur torpeur et donnent à leur regard d'autres directions que le trop banal plongeon les yeux dans les yeux. Au comptoir, c'est le serveur homo qui avait fait redémarrer le temps et avait posé le verre de Senta sur le comptoir. Senta l'avait bien remarqué du coin de son oeil fasciné, mais cela n'avait pas suffi à détacher son regard de Thomas. Ce ne fut que lorsque le serveur annonça "vin blanc allongé" d'une voix assez forte, entretemps la batterie qui sortait des haut-parleurs avait sacrément augmenté de volume, que Senta détourna les yeux pour la première fois. On exigea d'elle "deux quarante", ce qui nécessita une action."
L'avis d'Antigone - Les écrits d'Antigone