En proposant que les soins aux âgés puissent être l'occasion d'un recours sur succession, Alain Minc vient d'ouvrir une brèche (où trop ne pensent qu'à s'engouffrer) dans notre système de sécurité sociale ("contribuer selon ses moyens, recevoir selon ses besoins".
Il ouvre aussi la porte à la politique du cocotier : à partir de quel âge secouera-t-on cet arbre salvateur pour nos comptes publics ? A partir de quel degré de maladie ? Et qui en décidera ?
Je donne la parole à un de mes confères gériatres dont la "lettre ouverte à Alain Minc" vient de m'être transmise. Voici des extraits de cette lettre.
"Comme beaucoup de républicains de ce pays, il n’y a, pour moi, qu’une seule solution digne et respectueuse de nous-mêmes et des fondamentaux posés par nos pères fondateurs il y a maintenant plus de 200 ans : « Toute contribution est établie pour l’utilité générale : elle doit être répartie entre les contribuables, en raison de leurs facultés » (Art 13 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen – 1789). A nous de définir, ensemble, au niveau politique, la notion « d’utilité générale » ! Si vous souhaitez participer au financement de notre système de santé en France, je vous y encourage vivement, en œuvrant (à votre niveau) à la construction d’un 5° risque basé sur la solidarité.
Quant à la discrimination que vous faites sur l’âge, juste quelques pistes provocatrices pour que vous vous rendiez compte de l’incongruité de vos propos : « La collectivité française a dépensé 100 000 Euros pour un homme de 102 ans, c’est un luxe immense, extraordinaire, pour lui donner quelques mois ou je l’espère quelques années de vie. ». Que penser des soins apportés aux grands traumatisés crâniens ? Que penser des soins apportés aux alcooliques qui peuvent aller jusqu’à la greffe de foie. Que penser des lourds traitements chroniques mis en place chez les obèses (de plus en plus nombreux grâce aux superbes campagnes publicitaires de l’industrie agro-alimentaire). Alors, de grâce, cessez ce discours discriminant ! Existe-t-il des citoyens qui « valent » mieux que d’autres ? Qui sont plus dignes que d’autres ?"
Michèle Delaunay
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