— Vous Monsieur, êtes-vous plus du genre à croire au destin ou à penser que votre vie est déterminée par les actions que vous posez?
Il inhale profondément une bouffée du joint qu'il s'est allumé. Je croyais qu'il voulait fumer une cigarette quand il m'a demandé la permission. L'odeur qui envahit l'habitacle du taxi est loin d'être déplaisante. Le compteur affiche plus de 40 $. Je suis stationné devant un gros complexe d'appartements bas de gamme dans le fin fond de Pierrefonds. On attend la blonde danseuse que mon client a « cueillie » dans un bar du nord de la ville. Il est trois heures et demie du matin, j'écoute mon passager existentialiste et à mon tour, je m'interroge sur le sens de la vie.
J'aime croire au destin, même si je sais que c'est une piètre excuse pour ne pas trop penser aux actes stupides qu'on pose. C'est peut-être ce que j'aurais répondu à mon client si sa conquête décolorée n'avait pas été aussi prompte à revenir.
On a quitté le fin fond de Pierrefonds, destination: un afterhour de Laval. Ils causaient de tout et surtout de rien. On s'est arrêté sur le bord de la route. Il a tiré un pisse, elle s'est remis du rouge. Ils étaient peut-être faits l'un pour l'autre.
J'ai roulé en pensant au destin.