Le blues orthonormé pour taverne irlandaise…

Publié le 17 mai 2010 par Orlandoderudder

La taverne est bidon, ou encore authentique : A Cork ou à Toulouse c’est aussi vaille que vaille ! On est dans le sacré, Monsieur, ça c’est de la musique ! D’ailleurs on l’a repris sur un vieux disque usé : Le blues orthonormé pour taverne irlandaise.

Ca ressemble à du vrai car tout y est pompé. Sauf que tous les effets y sont plus appuyés! On en rajoute des tonnes, de plus on sait chialer ! A la va-de-bon-coeur qu'on va vous l'asséner: Le blues orthonormé pour taverne irlandaise.

Ca ne pue pas l’amour, le crade, le qui fait mal, celui qui tue, avide de douleur effroyable, le désir salissant , très vulgos et qui tache, la mocheté banale qui vous ronge le foie et qui pourrit le cœur comme une carie dentaire ! Le blues orthonormé pour taverne irlandaise!

On est tous bien sympa ! Un tas de chouettes copains. Non racistes, ça c’est sûr mais y avait pas de noir disponible pour chanter à la place du rouquin. Paraît qu’il sont tous tués par le clan des cucul. On chantera sas eux, c’est dommage mais tant pis ! On n’a rien contre, non, mais voici le bon temps : le blues orthonormé pour taverne irlandaise.

Faut que la voix soit rauque et la bière sans bouquet ! Faut de la nostalgie huileuse et rancunière, il faut virer les noirs, leur piquer leur musique pour en faire un folklore à clichés venimeux : Le blues orthonormé pour taverne irlandaise!

Ca pue pas le boulot, la sueur, le maléfice ! Ni la magie féroce ni la faim tenace. La misère est exclus : sentiments distingué ! Ca n’évoque pas la trouille qui vous file la chiasse : Le blues orthonormé pour taverne irlandaise!

Celui qi chante rocaille demains prendra les armes afin de trucider un type au même dieu. L’autre non loin de là en fera de même. Mais ils sont accueillant, et sympa, on se marre . Demain quelques enfants crèveront pour la foi. Jésus sera content, il jouit tant quand on meurt : Le blues orthonormé pour taverne irlandaise!

La taverne irlandaise se trouve un peu partout. Y en a même en Irlande, et c’est toujours pareil : on est bourru, sympa, que c’est beau et viril. On regarde le foot, on boit et les filles vacillent : Le blues orthonormé pour taverne irlandaise!

Petit folklore miteux de petits bourgeois clean, mais qui portent une barbe, ponçant des guitares chics, les voilà fort imbus d’authenticité pouacre : Le blues orthonormé pour taverne irlandaise!

Le blues, ça pue des pieds comme un poète hagard, ou ça sent la cologne à pas trop cher le flask. Ca schlingue le couteau sale mal essuyé après quelque meurtres anodins dont celui d soi-même. Le blues, c’est aussi le clinquant kitsch et nouille des cheveux gominés d’anciens boxeurs gâteux, la veste rose lamé d’opérette amertume, et la bouse de vache d’un fermier édenté.

Le blues, ça cogne dur, ça fait grincer les dents ! Des princesses aux gros seins s’y prennent pour des pétasses : elles beuglent ou susurrent de rares obscénités.Ca fait mal plus que bien on ne sait pas pourquoi…

Le blues, ça chiale pas, c’est digne et sans ambages : on se moque de soi-même et du monde imbécile. On morfle en se moquant, on dégueule, on se vend. Le diable n’est pas loin dans la violence sourde… On veut une guitare ?On la vole et on tue !

Ou alors à Clarksdale on envoie chaque mois un peu de sous glanés sur la vente des œufs. Messieurs Sears et Roebuck font fortune, on s’en fout : le shout sera plus fort que les vaches qui meuglent !

En campagne ou en ville, dans le vieux mode noir ,le blues ne peut pas plaire aux rares blancs de passage. Il sent la sueur terrible, celle qui coule au travail comme un sang atténué par politesse immonde. Ou encore on le voit, lancinant et sournois, comme un poignard mesquin aux mains d’un maquereau, d’une fille perdue qui pour quelques dollars peut éclater les yeux d’un connard trop vicieux.

De la bouse de vache ou du sang de cadavre, le blues se dépasse et tout le monde s’en fout. Ca use les gencives et ça lime les nerfs. Mais la vie on s’en fout : la violence est si douce ! Ô meurtre, vieux copain, prends le chorus final ! Et fais gaffe, la vie : on ne t’aime pas beaucoup. Tu ferais mieux de partir, tu n’es pas de chez nous…

Et pendant ce temps là, ça swingue gentiment, à Paris, à Marseille et les Beamish moussent. On est contents pardi, dans le pub à Titin qu’on le croirait meublé comme un rade à Dublin ! On boit, on attend, on se marre, on fumaille. On nostalgise dru faute de vivre à plein temps. On fume des roulées pour se casser la voix. On va causer mojo puisqu’on y connaît rien : Le blues orthonormé pour taverne irlandaise!