On s'en foutait de l'eau.
Tout était abondance.
On allait, verbe haut,
Affichant l'ignorance.
Nous étions si nombreux
Coulant des jours heureux.
Nous nous lavions souvent.
Qu'avions nous de si laid ?
En nous réfléchissant,
Nos miroirs nous trompaient.
Ce n'est pas corps qui pue,
Mais tête, plus que cul.
On s'en foutait de l'eau.
On allait à Vichy,
L'arrogance en ego,
Faire un tas de chichis.
La science aurait raison
Des frasques des saisons
Parfois, la pluie brulait .
Il mourrait quelques arbres.
Et les pôles fondaient,
En nous laissant de marbre.
Nos convictions tenaces
Ignoraient les menaces.
On s'en foutait de l'eau.
Nos poètes disaient
Sa douceur sur la peau,
Ses reflets en cadeau,
Ses bijoux en cascade,
Et le bain des naïades.
Le monde était si beau.
La lune au fond du lac,
Suspendait un flambeau.
Repue de son ressac,
Paisiblement la mer
Ruminait sa colère.
On s'en foutait de l'eau.
De grands oiseaux criaient
Que vraiment trop c'est trop.
Et nous on s'en foutait.
Moi seul ai survécu
Au grand chambard des nues.
la mer fait le ménage,
Danse son dernier bal,
Et referme la cage
D'un enfer minéral
Ma gorge est un désert.
Je meurs seul et amer .
LA GRANGEASSE SAINT ETIENNE 09- 2008