Mort à l’ancienne et pratiques nouvelles : la mort est-elle aujourd’hui malade ?

Publié le 17 mai 2010 par Podcastjournal @Podcast_Journal

Que constatons-nous en ce qui concerne les rites mortuaires ? " Une rupture inouïe ", nous dit l'historien Philippe Ariès, une mort " ensauvagée ", une " solitude des mourants " confirme Norbert Élias. La " belle mort " d'autrefois, accompagnée de " pompes funèbres ", n'est plus.

Des mutations importantes sont apparues :
- Montée en puissance de la crémation
- Embellissement des corps - avec la pratique, dans 60 % des cas, de la thanatopraxie
- Importance des soins palliatifs
- Nouvelles ritualités qui apparaissent

Mais en même temps, les Français sont attachés aux rites mortuaires : 69 % d'entre eux les jugent " nécessaires ".
La " déconstruction de la mort à l'ancienne " semble terminée avec l'apparition de nouvelles constructions rituelles et de " bricolages " d'accompagnement. Est-ce à dire que nous en revenons à la " mort d'antan " ? Faisons-nous du neuf avec de l'ancien ? Sommes-nous en train d'inventer de nouveaux " rites " ? Lesquels ?


Patrick Baudry est, en France, le sociologue de la mort. Professeur de sociologie à l'université Michel-de-Montaigne de Bordeaux, il est, entre autres, l'auteur de La place des morts, en jeux et rites (Armand Colin, 1999). Patrick Baudry adopte une position critique vis-à-vis de certaines pratiques nouvelles. Pour d'autres sociologues, dont Danielle Hervieu-Léger, les pratiques rituelles ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles sont. Patrick Baudry, lui, pense que les nouveaux " idéaux de la mort moderne " affectent les frontières entre les vivants et les morts. Dès lors, pense-t-il, si " la place des morts " est incertaine, la " place des vivants " elle aussi devient incertaine. Il faut donc penser les deux " places " l'une par rapport à l'autre.


Allocution relative aux droits des malades et à la fin de vie (en pdf) et entretien avec Patrick Baudry, sociologue par Damien Le Guay en podcast audio à la fin de cet article