Cantines populaires

Publié le 16 mai 2010 par Malesherbes

Madame Brigitte Kuster, Maire du 17° arrondissement, dans le dernier numéro de son bulletin d'information PARISDIXSEPT , s'insurge contre « la décision du Maire de Paris qui vise à imposer de manière arbitraire […] une grille tarifaire unique dans toutes les cantines de Paris ».

Contrairement à ses dires, elle ne se trouve pas devant l'arbitraire du Maire de Paris mais face à une décision du Conseil de Paris, dont les membres ont été élus lors des dernières élections municipales et sont tout aussi représentatifs de la population parisienne qu'elle-même l'est de celle du 17°, élue qu'elle a été par des conseillers municipaux élus également lors de ces élections.

Elle poursuit, dans la même veine : «cinq tarifs progressifs, calculés de manière objective, sont appliqués aux familles du 17e. Le maire de Paris a décidé de manière arbitraire, de passer à huit tarifs l'ensemble des arrondissements parisiens ». A force de voir un seul homme trancher de tout à la tête du pays, Madame Kuster voit l'arbitraire partout. Tenterait-elle d'insinuer que, à la différence de ce qui se passait dans le 17°, l'existence de grilles à huit tranches en vigueur jusqu'ici dans tout Paris, à l’exception des arrondissements 6, 16 et 17, ne serait pas objective ?

Lorsqu'une cantine pratique un tarif unique, celui-ci est le résultat d'une moyenne, obtenue en divisant la part des dépenses non subventionnée par le nombre de repas. Tout se passe dans un tel système comme si les moins fortunés subventionnaient les plus aisés. Un premier pas vers davantage de justice est réalisé en instituant, à côté du plein tarif, un tarif réduit. On inverse alors la situation antérieure où ceux qui paient plein tarif subventionnent les bénéficiaires du tarif réduit.

Mais, par un effet de seuil, on crée des situations indésirables où une légère variation dans les ressources peut faire perdre, ou gagner, le droit au tarif réduit. On peut réduire ces désagréments en passant des deux tranches considérées jusqu'ici à un nombre plus élevé. En conséquence, une grille à huit tranches permet de mieux coller à la distribution des ressources qu'une grille à cinq tranches.

Madame le Maire s'étonne encore ainsi : «Cela a pour principale conséquence d'augmenter le coût des repas des enfants de plus de 60 % des familles du 17e ! ». Elle ignore donc que, lorsque l'on modifie une tarification, à part quelques personnes pour lesquelles rien ne change, certains vont se trouver à payer moins et d'autres vont devoir dépenser davantage. Dans notre pays, où la solidarité est une vertu nationale, et dans notre arrondissement, à la composition sociologique très contrastée, on ne peut que regretter le fait suivant : jusqu'ici, plus de 60% des familles n'acquittaient pas leur juste part du coût des cantines et ce sont les autres qui devaient compenser ce manque, en prélevant sur des ressources plus faibles.

Madame Kuster concluait ainsi : « Comptez sur ma détermination pour défendre, avant toute chose, les intérêts des familles du 17e ». Elle me semble oublier les quelques 40%, constitués de familles plus humbles, qui bénéficieront de cette nouvelle grille. Ce sont eux aussi des habitants du 17° et qui méritent au moins autant que d'autres la défense de leurs intérêts. Ah, j'oubliais, on n'y trouve peut-être pas nombre d'électeurs de Madame !