Alors que sa suite vient de passer il y a quelques jours à Cannes, revenons sur l’un des films marquants de la fin des années 90, Wall Street d’Oliver Stone.
Si aujourd’hui on peut considérer (mais certains je n’en doute pas me contrediront), qu’Oliver Stone s’est éteint au début du 21ème siècle, il n’en était pas moins un incroyable réalisateur avant cela.
Qu’il pompe Tueurs nés à Tarantino, bosse sur JFK ou sur la guerre du Vietnam avec Platoon, Stone a été un des féroces dénonciateurs de l’Amérique post guerre froide et de ses dérives en tout genres.
Et Wall Street ne déroge pas à la règle.
Inspiré par le krach financier de 87, et par un scandale de l’époque, le film réussit à rendre divertissant (ce qui a toujours été une des grandes qualités de Stone) un sujet qui aurait pu être franchement chiant.
Si on excepte les subtilités propres au langage bancaires et boursiers (qui resteront sans doute imbitables pour pas mal de monde), l’histoire du film est simple.
On suit Bud Fox (équivalent de l’époque de tous les Kerviel qui hante les tours infernales de la finance), jeune trader aux dents extra longues et ultra-brite qui ne rêve que d’une chose, se faire un max de blé en un minimum de temps.
Mais pour cela, il lui faut trouver un super investisseur. Et cet investisseur, sa « baleine », il l’a bien en tête : Gordon Gekko.
Gekko est l’incarnation même du yuppie. Un mec qui vit à 300 à l’heure, brasse du pognon, et a vendu son âme au plus offrant il y a belle lurette. Après que Fox ait lourdement insisté, il décide de prendre celui-ci sous son aile et à le mêler à des magouilles de plus en plus risquées.
Alors que Bud voit son train de vie s’améliorer considérablement, il est bientôt contraint à un choix : décoller définitivement et perdre toute morale, ou refuser et tout perdre.
Il apprendra donc à partir de là que tout finit un jour par se payer. Au prix fort…
Ce film est donc un must-see, et ça pour plusieurs raisons.
Déjà, pour la présence de Michael Douglas, qui donne à son personnage de Gekko une présence forte et une classe folle. Ironie du sort, les studios l’avaient déconseillé à Stone, lui préférant Warren Beatty ou Richard Gere.
Son personnage est en tout point captivant. Sombre, manipulateur, amoral et réellement dangereux, il synthétise à merveille les grands gourous de la finance qui régnaient à l’époque (même si aujourd’hui il ferait figure d’ange).
Gordon Gekko en est même devenu une icône pour tous les traders.
A tel point que 20 ans plus tard, les journalistes continuaient à se référer à lui, et à poser des questions (bien souvent hors-sujet) à Michael Douglas faisant référence au personnage.
En face de cet être cynique, on retrouve Charlie Sheen (mais aussi son père Martin, qui incarne le père de Bud), qui avant de se tourner plus ou moins définitivement vers les comédies et les films d’action, a pu apparaitre dans quelques grands films.
Son côté chien fou et son aspect naïf permettent de donner là aussi une dimension crédible à son personnage de Bud Fox. En même temps qu’une certaine sympathie.
Car dans le fond, chacun de nous pourrait être Bud Fox, et chacun d’entre nous réagirait comme lui dans la même situation.
Seule ombre à ce tableau finalement, une Darryl Hannah un peu transparente, qui écopa à l’époque d’un Razzie Award.
Avec Wall Street, Oliver Stone a pris un instantané de cette période charnière qu’ont été les années 80.
L’ambiance, le look, les dérives et les excès qui ont nous ont mené jusqu’ici.
23 ans plus tard, Gordon Gekko est toujours vivace, et son fameux « Greed is good » n’a cessé de résonner et pire encore s’est amplifié.
Et ce n’est définitivement pas une bonne nouvelle.
La suite de Wall Street, Money never sleeps, sortira le 29 septembre 2010, avec Shia LaBeouf, Josh Brolin et toujours Michael Douglas.