Vernissage le jeudi 20 mai 2010 à partir de 19h00
Ces artistes, avec la discrétion qui les accompagne, ne pouvaient manoeuvrer autrement que sous l’influence
danger qui guette et l’angoisse de ne rien voir. Elles ne peuvent plus représenter – ou être un exemple d’architecture – ce qui empêche le regard de s’étendre. Il faut alors recouvrir ces architectures, passer de l’autre côté en ne considérant que la matière.
Matière première, matière à réflexion, sur lesquelles le regard se réfléchit et réfléchit, se décompose et recompose.
Sur les arbres par Thomas Sabourin (extrait)
Il ne s’agit en fait pas pour moi de donner une « image », pire, une illustration, d’une pensée préalable, mais bien dans une pensée a posteriori de chercher à m’aventurer par la pensée dans ce que j’ai bien pu faire avant d’y penser. C’est un exercice de l’ordre de l’interprétation des rêves : il s’agit de découvrir les sentiments qui sont investis dans une projection de l’imagination, de découvrir ce que j’éprouve à l’épreuve de cette production.
C’est pourquoi une remarque s’impose encore : il ne s’agit pas ici de donner des « clefs » de compréhension, de livrer le paradigme d’une symbolique qui serait cryptée dans une oeuvre, mais bien de s’interroger sur le sentiment précis qui, m’unissant à telle chose,
en l’occurrence ici, les arbres, a pu me conduire – à partir de ce sentiment – à produire une « image » (au sens large de production de l’imagination).La question est donc : quel sentiment des arbres me conduisit à proposer au regard de mes contemporains une chose telle que
cet « arbre en miroir »? Ce sont ces sentiments qui peuvent produire une pensée, et non une pensée qui précédant le « faire » le conditionnerait en le projetant. L’oeuvre d’art doit être grosse d’une réserve de pensée encore indistincte, grosse d’une variété indéfinie d’interprétations possibles, bref, elle se doit d’être l’ouverture des possibilités. Le langage informatif dit quelque chose de quelque chose, une production de l’imagination
constitue le dire dont tout autre langage dira par la suite quelque chose.
La poésie doit pouvoir proférer des énormités dont ni la science ni la philosophie n’ont encore idée, et comme E.A.Poe qui imaginait que la nuit est noir parce que la lumière des étoiles n’a pas le temps de nous parvenir bien avant que cette idée ne prenne place dans les théories de la physique moderne, il n’est pas dément de penser que les astres, soleils et étoiles, de Van Gogh, soient à l’origine de l’invention de la manière moderne de stoker le fourrage, en bales spiralées (c’est une évidence pour qui a vu au moins une
ois ces bales de paille dans le crépuscule du Vexin près d’Auvers). {…}
Philippe Guiot ‘du paysage, moins ‘contemporain’, que marqué par la contemporanéité’
On trouvera également une autre série ; « De obstare » qu’il faut appréhender comme une totalité, trois épreuves réalisées à l’occasion d’une résidence dans le Gers. La sérialité n’est plus ici rendue manifeste formellement au travers d’une variation, mais se devine et se dévoile lentement parce que déclinée sur un mode conceptuel. L’artiste, à son habitude, réduit les éléments paysagers et la profondeur de champ à un strict minimum, de sorte que toute localisation devient impossible. D’un même mouvement, il déplace, pour le focaliser, le regard et l’attention vers des objets au pittoresque discutable, mais pourtant bien présents dans les superbes campagnes gersoises, devenues anecdotiques et réduites à la portion congrue…
Dans ces photographies, l’artiste met en tension des démarches éprouvées ailleurs, et par d’autres, et ses compositions, d’une manière aussi savante que discrète, empruntent beaucoup à l’Histoire de l’Art, celle du paysage et de la nature morte classiques, dont il questionne les règles et celle du paysage photographique contemporain dont il interroge les prétentions à l’originalité formelle et la valeur critique et politique (Hernandez, Blees, Doherty, Horsfield, Collins, Brisley). En les combinant à dessein dans son travail, il produit un effet de surprise, créait une charge spectaculaire, qui concernent moins le motif lui-même (ce qui étonne c’est sa banalité lorsqu’on l’identifie) que la réception que nous en avons (cette banalité est transgressive dans l’usage culturel de la photographie), que l’attention que nous portons à notre environnement, que notre capacité d’abstraction et de hiérarchisation des phénomènes : que peuvent avoir de si singulier, jusqu’à en faire comme le « portrait », deux caravanes abandonnées aux vitres opacifiées de crasse et amoureusement blotties l’une contre l’autre ? Pourquoi accorderions-nous de l’attention à une souche aux reliefs aheurtés et envahie d’une folle végétation comme une sculpture post-minimaliste au milieu d’un champ d’une remarquable vacuité ?
Pourquoi faire une photographie d’un terrain de foot enténébré, désolé et comme encombré chaotiquement de buts ? Finalement, les motifs sont originaux (et c’est bien ce que nous réclamons ordinairement de l’art en Occident) et le « travail plastique » du photographe remarquable (et c’est bien ce que nous attendons traditionnellement en Occident de cette catégorie de professionnels : une compétence distinctive).
semble-t-il, pousse à réduire à des poncifs champêtres séculaires ? A quoi peuvent bien servir les normes qui structurent le genre « paysage », héritées de l’Histoire de l’Art, au contact de ce que beaucoup considèrent comme trivial ?
Série après série, Régis Feugère nous incite à réfléchir sur la valeur du « lieu commun », avec une pratique photographique qui, pour cela, a un rôle autant documentaire qu’instrumental. Pour mieux saisir l’enjeu d’une telle démarche, on citera Jean-François Chevrier, un critique émérite de la photographie contemporaine : « La photographie a été longtemps et reste encore pour le grand nombre (artistes, amateurs) un modèle
d’appropriation esthétique. Il se peut aussi qu’elle permette de réactualiser un modèle de représentation. Dans le cercle institutionnel de l’art contemporain, l’enjeu est mince.
Ouverture de la galerie jusqu’à 22h le samedi 29 mai
dans le cadre du Week End de l’art contemporain organisé par le réseau PinkPong.
Ouvert du mardi au samedi /de 14h à 19h et sur rdv
EXPRMNTL Galerie
18 rue de la bourse
31000 Toulouse – France
+ 33 562.27.26.92
06.74.70.24.17
www.exprmntl.fr