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Le Clézio ou Tartempion

Publié le 16 mai 2010 par Desfraises

Le Clézio ou TartempionTout le monde sait qui est J.-M.G. Le Clézio. Plutôt que de vous parler des lectures qui m'ont marqué, je vais évoquer deux anecdotes sur l'homme. D'aucuns me diront : on s'en fiche de l'homme, seul compte l'auteur. Certes.
Voici quelques années de cela, j'assistais à la première d'une pièce adaptée de Pawana, de Le Clézio. A l'issue de la représentation, les spectateurs privilégiés traînaillaient dans le dédale de l'Espace Cardin, trinquant avec Machin, papotant avec Bidule en gardant un œil avide sur Truc, la vedette de télévision, ou sursautant quand les flashes crépitaient pour Chose, l'égérie de Tartempion.
Le cœur et l'esprit plus chamboulés par les mots de Le Clézio que par le champagne servi à flots, je me fraie un chemin pour saluer ce grand monsieur (par la taille et le talent). Simplement lui serrer la main. Lui broyer la dextre, comme dit parfois Obaldia.
Dans les salons de l'Espace Cardin, c'est à qui pourra s'incruster au dîner royal, s'asseoir à la table de Pierre Cardin ou de Tartempion. Pour m'amuser, j'irai d'ailleurs faire tinter ma flûte avec celle de Truc.
A la surprise générale, J.-M.G. Le Clézio accepte un verre de jus de fruits et décline l'invitation à dîner. Il part sur la pointe des pieds. Les mondanités, ça n'est pas pour lui.
Deuxième anecdote :
Un jour, mon amie Hélène me raconte... c'était chez Mollat, la librairie bordelaise. J.-M.G. Le Clézio y signait un de ses ouvrages. Il y avait foule. A l'issue de la rencontre, d'innombrables lecteurs et journalistes souhaitent approcher l'écrivain. Mais il est occupé à bavarder avec une enfant. Autour de Le Clézio et de cette enfant, plus rien n'existe. Ils sont en grande conversation. Perplexe, un journaliste les prend en photo. Hélène roule des yeux comme des soucoupes. Cette enfant, c'est sa fille Anna. La suite de l'histoire : une correspondance au long cours entre l'enfant devenue jeune femme et l'auteur nobélisé. Anna couve secrètement son courrier et ne s'en est jamais ouverte à personne. Seule sa mère, fière comme une papesse, narre l'anecdote à un ami de-ci, de-là.
P.S. Merci à Petitbonbon qui m'a donné envie d'écrire ce billet. Sa rencontre avec l’écrivain avait, dit-elle, bouleversé sa vie. Suis par ailleurs très touché par les mots de Saint-Loup que je connais par un beau hasard cybernétique, par l’entremise de la biographie Diego & Frida de J.-M.G. Le Clézio, dont je vous conseille vivement la lecture.
P.P.S. L'amour de la Terre et de ses peuples chevillé au corps, Le Clézio alerte l'opinion dans les colonnes du Monde : « Un projet de GDF-Suez met en danger les dernières tribus isolées d'Amazonie, par Jean-Marie G. Le Clézio et Jean-Patrick Razon ». C'est à lire ici !

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