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[Critique DVD] Le général della rovere

Par Gicquel

« Le général della Rovere » de Roberto Rosselli (Gaumont)

Sortie en dvd  le : 18 mai 2010

[Critique DVD] Le général della rovere

Quand on veut, on peut. Imaginant son projet au début de l’année 1959 , adapté du livre éponyme d’Indro Montanelli, inspiré d’un fait réel,  Roberto Rossellini reçoit l’appui de son producteur en mai à la condition expresse que le film puisse être présenté au Festival de Venise, cinq mois plus tard. Le réalisateur relève le défi et écrit, produit, tourne et monte «  Le général della Rovere » en moins de quatre mois avec à la clé ….le Lion d’Or, récompense suprême.

C’est ce que l’on apprend dans les bonus avec Renzo, le fils du cinéaste,  qui a souvent collaboré avec son père. «  Pour Le général, j’ai tourné la plupart des scènes dans lesquelles n’apparaissait pas Vittorio De Sica » . Ou la solidarité entre réalisateurs, deux grands chefs de file du courant néo-réalisme de l’après-guerre , marqué  notamment par Le Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette) (1948) de De Sica ; l’une des références du genre.

[Critique DVD] Le général della rovere

Leur rencontre à l’époque ( la seule sur grand écran )a du bien agiter le landerneau cinématographique.  « Mais tout le monde voulait tourner avec lui » prévient Tinto Brass, assistant de Rossellini , qui rappelle que De Sica avait aussi besoin d’argent. «  Il jouait et perdait beaucoup », une manie qu’il retrouvera pour son rôle de petit escroc , donnant de faux espoirs contre de l’argent bien réel, à des familles des prisonniers. Démasqué, les allemands lui demandent de prendre l’identité du général Della Rovere qui vient d’être tué alors qu’il devait entrer en contact avec la résistance . Emprisonné au milieu de nombreux résistants, il doit  démasquer leur chef.Mais au fil de ses contacts  , le citoyen prend peu à peu conscience de sa forfaiture.

Carlo Lizzani, un fidèle collaborateur de Rossellini parle «  d’une analyse de l’âme » sur un sujet à la fois universel et intemporel, où l’homme demeure un loup pour l’homme. Il y ajoute la rédemption finale, qui tel le drame antique ne peut se conclure que par le châtiment extrême. Le côté indécrottable du moraliste bien pensant , où le bien doit toujours triompher du mal.

[Critique DVD] Le général della rovere

Un homme maintenant torturé par sa conscience

Le cinéaste italien parlait alors de « l’innocence et de l’intelligence du regard  » pour expliquer la sobriété, voir le dénuement de sa mise en scène, quelque chose de très brute , sans virtuosité , ni artifice . On pense aussi à une démarche théâtrale.«  Il ne cherchait pas l’esthétisme » analyse Renzo Rossellini «  mais la justesse. Une éthique . Il a toujours mis du contenu dans ses films et c’était du contenu qui hurlait. Et comme les critiques regardaient plus la forme, ils n’ont pas compris son film ».

Sur le plateau le maître n’a pas l’air très commode. Il utilise très peu de pellicule, et ne supporte pas «  qu’on fasse l’acteur, ça l’ennuyait profondément. Alors il demandait parfois à quelqu’un d’autre de tourner la scène ».

[Critique DVD] Le général della rovere

« D’ailleurs il était plus à l’aise avec les non-acteurs » se souvient Tinto Brass.Pourtant son casting de professionnel est plutôt bien tenu . De Sica est à la hauteur , face à ce colonel allemand éloigné des clichés du 7 ème art et que Hannes Messemer, interprète au doigt et à l’œil , correcte et inflexible. Il aurait pu être celui de Melville dans « Le silence de la mer » de Jean-Pierre Melville. Mais c’est déjà une autre histoire et elle est dans ce blog.

Avec également  Sandra Milo, et Anne Vernon

14.99 €


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