Poeme de Faustian : PENITENT DE L'ESPRIT

ZARATHOUSTRA¹ : L'esprit du poète veut des spectateurs : ne fut-ce que des « buffles»!

FAUSTIAN : Dans toute poésie, il y a de la philosophie ; voilà ce que j'ai « ruminé».

ZARATHOUSTRA : Or je me suis fatigué de cet esprit : et je vois venir un temps où il sera fatigué de lui-même.

FAUSTIAN : La philosophie première est la « science des principes éternels », comme le dit le philosophe au livre de la Métaphysique. 

Et si le poète est « le nom qui dure et honore le plus » sur terre, comme le rapporte Celui qui donne², car c'est sa renommée qui résonne jusqu'aux cieux. Cet écho de grâce qui le distingue dans l'avenir, c'est dû à ces principes qui soutiennent sa matière poétique.

ZARATHOUSTRA : J'ai déjà vu les poètes se transformer et diriger leur regard contre eux-mêmes. J'ai vu venir des pénitents de l'esprit : c'est parmi les poètes qu'ils sont nés.

FAUSTIAN : En vérité, Faustian souhaitait devenir un poète ; mais comme il arrive souvent aux héros d'Homère : une partie de leur prière, Apollon l'entend et l'exauce ; quant à l'autre, c'est le vent et les éléments destructeurs qui la dissipe.

1- Nietzsche, Des Poètes

2- Dante, Purgatoire XXI, 85 ; Enfer IV, 76