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Poeme de Faustian : LE CHOEUR DE ZEUS (le 5e)

Publié le 16 mai 2010 par Illusionperdu @IllusionPerdu

L'AIGLE : Qui croirait là-bas dans le monde errant que le Troyen Riphée dans ce cercle* fut la cinquième de ses lumières saintes?

PLUTARQUE : À mon avis, il ressemblait à ces fruits qui mûrissent hors de saison : on les voit avec plaisir, on les admire, mais on n'y touche pas.

L'AIGLE : J'ai laissé sur terre une telle mémoire que les gens qui là-bas sont méchants en font l'éloge, mais ne suivent pas l'histoire.

PLUTARQUE : En effet, on n'éprouve de véritable zèle pour la vertu que si l'on ressent une affection et un respect extrêmes pour ceux qui en donnent l'exemple. Ceux qui louent les gens de bien sans les aimer respectent leur gloire, mais n'admirent pas leur vertu et ne l'imitent pas.

L'AIGLE : Pour avoir été juste et pieux je suis ici haussé à cette gloire qui ne peut se gagner par le désir.

PLUTARQUE : En vérité, il n'est pas de vertu dont la gloire et le crédit suscitent davantage d'envieux que la justice : c'est elle surtout qui donne de l'influence et permet d'obtenir la confiance de la multitude. Non seulement on honore les hommes justes à l'égal des braves, non seulement on les admire à l'égal des hommes intelligents, mais en outre on les aime, on a confiance en eux, on les croit, tandis que les braves font peur et que les hommes intelligents suscitent la méfiance. De plus, on attribue la bravoure et l'intelligence à une supériorité naturelle plutôt qu'à la volonté : on rapporte l'intelligence à une vivacité, le courage à une force de l'âme. En revanche, pour être juste, il suffit de le vouloir, et la honte la plus grande s'attache à l'injustice, que l'on considère comme un vice inexcusable.

L'AIGLE : O prédestination, comme ta racine est éloignée de ces regards qui ne voient pas la cause première toute!

Celui-ci, donna tout son amour sur terre à la justice ; aussi, de grâce en grâce, Dieu lui ouvrit les yeux à notre rédemption future ; il crût en elle.

À présent il connaît bien des choses que le monde ne peut voir de la grâce divine bien que sa vue ne distingue pas le fond.

PLUTARQUE : Après manger, le moment réservé à la boisson fut l'occasion d'échanger nombre de propos savants et plaisants ; on évoqua tour à tour différentes questions philosophiques. Pour finir, on en vint à examiner ce qu'on appelle les paradoxes des stoïciens (La Foi) ; on évoqua notamment celui selon lequel seul l'homme de bien est libre, tous les méchants des esclaves. Sur ce point, le péripatéticien (L'Espérance) éleva des objections qu'on pouvait attendre, mais Caton s'en prit à lui avec violence et, haussant le ton, d'une voix âpre, il poussa très loin la discussion et débattit d'une manière admirable, si bien que nul ne pouvait plus ignorer qu'il avait décidé de renoncer à la vie pour se délivrer des maux présents.

 

ÉPILOGUE2

CATON : La situation (politique) ne permet plus de s'en occuper comme un Caton doit le faire, et s'en occuper autrement serait honteux.

MÉPHISTOPHÉLÈS : Et quand on est maître de trois, on s'empare que quatrième. Le suivant est alors en un périple extrême.

*cercle : la sphère de Jupiter

1- Dante, Le Paradis XVIII & XX ; Plutarque, Caton le jeune

2- Plutarque, Caton le jeune ; Goethe, Faust II, V


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